Après des mois de querelle entre « défis » (équipes prétendantes), les organisateurs de la Coupe de l’America ont dévoilé, mardi 12 août, le « protocole » (règlement) de sa 38e édition. Il vise à rendre « plus inclusive, plus attrayante et plus viable financièrement » cette compétition de voile, créée en 1851 et jusqu’ici régie par des règles poussiéreuses, afin d’en assurer la pérennité.
Dans un communiqué commun, Team New Zealand (TNZ), le « defender » (vainqueur sortant) et l’équipe britannique Athena Racing, le « challenger of record » (première équipe à relever le défi contre TNZ pour la prochaine édition) ont révélé que l’aiguière en argent de 18 kilos pour 1,10 m – plus ancien trophée sportif au monde – sera désormais remise en jeu tous les deux ans et que la régate finale – précédée d’épreuves préliminaires en 2026 et début 2027 – aura lieu à Naples (Italie), en juillet 2027.
Concession au contexte économique et climatique tendu et aux interrogations qui se multiplient sur la pertinence d’organiser de coûteuses épreuves sportives, le budget de chaque équipe sera plafonné à 75 millions d’euros. Celles – dont la France – qui ont participé à la dernière édition, à Barcelone (Espagne) en 2024-2025, devront conserver les mêmes coques de bateaux AC75 (23 mètres), tandis que les nouveaux « défis » devront acheter une coque d’AC75 existant ou en construire une aux caractéristiques identiques.
La plupart des fonctions des bateaux seront désormais assurées par des batteries plutôt que par la seule force de leurs équipages et le format des courses a été révisé pour optimiser le temps de navigation et maintenir les équipes en compétition plus longtemps.
Chaque équipage sera composé de cinq membres et devra inclure au moins une femme : une révolution. Au moins deux membres de chaque équipage – dont une femme – devront être ressortissants du pays d’origine de chaque équipe. Chaque bateau embarquera une sixième personne « invitée » – célébrité, influenceur, représentant des médias ou d’un sponsor –, afin d’assurer la visibilité et de « maximiser l’engagement des fans », détaille le protocole.
En outre, ce document redéfinit radicalement le système de gouvernance de l’épreuve. Toutes les équipes engagées dans la compétition auront désormais la responsabilité d’une « gestion collective du format sportif et extrasportif de l’événement, ainsi que du développement, de la protection et de la commercialisation des droits médiatiques et commerciaux », précise-t-il.
En clair, chaque équipe aura désormais son mot à dire, alors que la Coupe de l’America octroyait jusqu’ici au vainqueur sortant le privilège de définir le lieu, la date, les bases et les règles de participation de l’édition suivante.
« En négociant ce protocole et le partenariat de la Coupe de l’America avec le challenger of record, nous offrons aux équipes, aux partenaires commerciaux et aux villes hôtes la certitude de pouvoir investir sur plusieurs éditions », s’est félicité Grant Dalton, directeur général de Team New Zealand, le « défi » vainqueur des trois dernières éditions (2017, 2021 et 2025) qui, faute de financements publics, ne peut organiser la prochaine à domicile. « C’est le changement le plus audacieux en 174 ans de Coupe », a-t-il poursuivi.
« En tant que fondateur et administrateur de la Coupe de l’America, nous soutenons pleinement la décision de moderniser le plus ancien trophée sportif au monde », a salué Jay Cross, commodore du New York Yacht Club (NYYC).
Le NYYC fut, en 1851, le premier vainqueur de l’épreuve ainsi nommée, car America, sa goélette, avait battu quinze yachts représentant le Royal Yacht Squadron britannique lors d’une course autour de l’île de Wight (Royaume-Uni) en marge de l’exposition universelle de Londres.
Les inscriptions pour la 38e édition seront ouvertes du 19 août 2025 au 31 janvier 2026. Chaque équipe prétendante devra s’acquitter d’un droit d’entrée de 7 millions d’euros.