On doit à Syd Barrett le nom de Pink Floyd mais aussi celui d’un autre collectif définitivement associé au groupe britannique : Hipgnosis. C’est d’ailleurs le mot – même s’il niera en être l’auteur – qu’a inscrit le chanteur, guitariste et peintre sur la porte du logement londonien qu’il partage, dans le quartier de South Kensington, avec deux camarades connus à Cambridge et qui s’apprêtent, en 1967, à créer leur studio d’art graphique.
Le premier de ces colocataires, avec lequel Barrett a découvert le LSD deux ans plus tôt, se nomme Storm Thorgerson. Ce fort en gueule a ambitionné de devenir cinéaste en étudiant l’audiovisuel ; il est finalement devenu agitateur d’idées. Son associé, Aubrey Powell, formé à la London School of Film Technique, a été assistant pour des séries télévisées de la BBC. Leur première œuvre commune, lorsqu’ils ouvrent leur bureau sur Denmark Street, la rue des éditeurs de musique, sera donc ce mot-valise, Hipgnosis, qui en embarque trois d’un coup : Hip (« branché »), gnosis (« gnose »), à une époque où la connaissance de l’âme humaine passe par des voies ésotériques, et hypnosis (« hypnose »), soit modifier l’état de conscience pour développer les capacités de l’imagination.