On l’avait quittée seule en scène en 2015 au théâtre du Châtelet à Paris. Valérie Lemercier, en témoin attentif de la comédie humaine, déroulait une galerie de personnages désopilants de tous âges et de tous milieux sociaux. Dix ans plus tard, la comédienne présente son sixième one-woman-show au théâtre parisien Marigny, dans la parfaite continuité de ses précédents spectacles. Sans doute est-ce pour cela qu’elle ne leur donne jamais de titre. A l’image de leurs affiches peintes de sa main, c’est la patte humoristique de Lemercier, unique par sa capacité d’observation de ses semblables, sa dextérité dans l’interprétation et sa précision dans l’écriture (partagée depuis toujours avec sa complice Brigitte Buc) que l’on vient (re) découvrir.

Toute de noir vêtue, avec, pour seuls accessoires, une écharpe et un colis, elle incarne pendant une heure et demie pas moins de quinze personnages sans temps mort et avec une énergie épatante. L’élégance de son jeu lui autorise une parole très libre, grinçante, provocante mais jamais gratuite. Dans son répertoire de sketches, les nouveaux venus sont en résonance avec ce qui agite notre période. L’agricultrice normande plus toute jeune peste contre ses nouveaux voisins dealers de drogue « qui s’en mettent plein les narines » avant de terminer son récit, sur le même ton, par des souvenirs terribles d’un père qui la violait. « Il nous mettait la main dans la culotte, on attendait que ça passe. Je pensais à mes tables de multiplication… Alors ça, je sais compter ! »

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