Guilhem Fabre, pianiste nomade et engagé à travers la France

Guilhem Fabre, pianiste nomade et engagé à travers la France

Chaque été, depuis 2019, Guilhem Fabre parcourt la France en faisant étape dans des endroits, lisières de forêt ou places de village, qu’il a choisis pour leur situation à l’écart des grands axes routiers. Le pianiste de 35 ans s’y arrête, le temps d’une soirée, avec un camion-scène dans lequel il donne un concert de musique classique. La tournée uNopia connaîtra un développement exceptionnel, les 16 et 17 juillet, à Saint-Cierge-la-Serre (Ardèche), à l’occasion d’un festival créé par Guilhem Fabre avec des personnes locales. « La plupart d’entre elles n’ont jamais vu un piano à queue en vrai », s’enthousiasme le musicien itinérant, qui pense que les artistes doivent se produire « comme à l’époque des ménestrels, à la fois chez les princes et chez les manants ».

Ce nouveau festival a donc pour ambition de créer des ponts entre des personnes aux conditions de vie radicalement opposées afin de « ne pas laisser perdurer un sentiment de mépris grandissant vis-à-vis des gens qui sont éloignés des élites économiques, intellectuelles et culturelles ». A Paris, où il réside, Guilhem Fabre a souvent droit à la même question. « Ce n’est quand même pas toi qui conduis le camion et qui montes la scène ? » Eh bien, si. « Je pense qu’il ne faut pas avoir peur de se salir les doigts », estime le géant mesurant 1,94 mètre dont le Yamaha CFIIIS, exhibé sur une scène ambulante, pourrait être désigné en raccourci par le terme de « pianomade », sur le modèle du « pianocktail » de Boris Vian. Les programmes qu’il y donne varient les saveurs, souvent par le biais d’associations avec d’autres artistes, tels que la clown Emma et le comédien François Michonneau.

Guilhem Fabre a compris, très tôt, que la vie de pianiste solitaire ne serait pas pour lui, mais, assez tard, que son avenir professionnel se jouerait dans un cadre musical. Avant la classe de terminale, il décide de suspendre ses études au lycée pendant un an et part étudier le piano à Munich. Jusque-là, il a pratiqué l’instrument à Nîmes, sous la houlette d’Aline Marteville, mais ce n’est qu’à son retour d’Allemagne qu’il envisage d’en faire son métier. Alors, après avoir décroché un bac scientifique, Guilhem Fabre accède au Conservatoire de Paris, d’abord dans la classe d’Hortense Cartier-Bresson, puis dans celle de Roger Muraro. En fin de cycle, celui-ci lui conseille de se plonger dans le répertoire russe. Après l’obtention de son prix, en 2015, le jeune homme met alors le cap sur Moscou pour y retrouver, à l’Académie Gnessine, Tatiana Zelikman, une pédagogue rencontrée dans une master class en Italie et qui, pourtant, ne l’a pas ménagé. « En Russie, les interprètes sont considérés comme des insectes qui tentent de s’élever au niveau des grands compositeurs », résume Guilhem Fabre.

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