L’Euro 2024 ne restera pas dans les annales comme une orgie de football champagne. Sacrée championne d’Europe des nations, dimanche 14 juillet, à Berlin, au détriment de l’Angleterre (2-1), l’Espagne aura offert du spectacle à un tournoi qui en manquait cruellement.
A une autre époque, Pablo Correa, l’ancien entraîneur emblématique de l’AS Nancy Lorraine, balayait ainsi les critiques portant sur le jeu minimaliste de son équipe : « Si tu veux du spectacle, va au cirque ! »
Cet été, Didier Deschamps s’est exprimé dans la même veine avant la demi-finale des Bleus conclue par une défaite logique face aux futurs vainqueurs. « Si vous vous ennuyez, regardez autre chose », a répondu le sélectionneur à un journaliste suédois qui l’interrogeait sur le jeu « ennuyeux » de son groupe, pourtant pétri de talents à toutes les lignes.
En Allemagne, un joueur français est sorti du lot : le gardien Mike Maignan. Même constat pour ses homologues, l’Italien Gianluigi Donnarumma, le Géorgien Giorgi Mamardashvili, le Néerlandais Bart Verbruggen, le Portugais Diogo Costa ou encore le Slovène Jan Oblak.
« C’est un très bon Euro pour les gardiens », confirme Thierry Barnerat, analyste vidéo de Thibaut Courtois, l’un des meilleurs gardiens du monde (titulaire en club au Real Madrid, mais absent de la compétition continentale avec la Belgique après une saison blanche avec le club espagnol).
Celui qui est aussi spécialiste technique du poste à la Fédération internationale de football association a compilé les données, « sur les mêmes critères » que ceux de l’instance. Interrogé avant la finale, il souligne que les gardiens ont réalisé « 1,51 arrêt décisif par match en moyenne ». Par ailleurs, « seulement un but marqué sur cinq a été dû à une erreur technique, tactique ou cognitive ».
Une donnée permet de mieux comprendre l’équation : les tirs tentés de l’extérieur de la surface de réparation. Leur nombre a largement augmenté en comparaison aux précédents tournois internationaux, presque deux fois plus que lors de la Coupe du monde au Qatar, en 2022.
Comment l’expliquer ? Il peut s’agir d’une conséquence de la difficulté de percer des blocs défensifs bien organisés. Or ces frappes longue distance ont tendance à mettre en valeur les gardiens puisque ces derniers ont du temps pour s’organiser sur leur ligne.
Des parades à bout portant, on en a vu également. Dans les dernières secondes du huitième de finale entre son équipe et l’Autriche (2-1), le 2 juillet, le Turc Mert Günok a fait preuve d’une lecture de jeu exceptionnelle, anticipant un plongeon sur sa droite au moment du coup de tête frappé par Christoph Baumgartner.