La Ligue de football professionnel (LFP) a enfin tranché. A l’issue d’un long feuilleton et à un mois de la reprise de la Ligue 1, le 16 août, elle a décidé, lors d’un conseil d’administration, dimanche 14 juillet, d’attribuer les droits de diffusion du championnat de France jusqu’en 2029 à un duo composé de DAZN et BeIN Sports.
La plate-forme britannique, qui aime se définir en « Netflix du sport », va débourser 400 millions d’euros par saison pour huit matches par journée de L1. Le groupe qatari, implanté dans le pays depuis 2012, versera, quant à lui, 100 millions d’euros pour une affiche de premier choix.
Le conseil d’administration de la LFP devra définitivement avaliser cette orientation ces prochains jours. Les grandes lignes de l’accord ont été validées par les présidents de club réunis en collège, mais il reste des détails juridiques à régler. Une clause de sortie et de revoyure doit notamment être formalisée, qui permettra à la LFP de mettre fin à ce partage des droits de façon anticipée, d’ici deux ou trois ans, et de lancer alors un nouvel appel d’offres.
Imposée dans la dernière ligne droite par les représentants du foot français pour ne pas trop se lier dans la durée, cette clause est un aveu d’échec. Avec 500 millions d’euros de recettes assurées par saison, la LFP est loin des objectifs affichés il y a un an, au début du processus de vente.
Son président, Vincent Labrune, qui devrait être candidat à sa réélection en septembre, disait espérer 1 milliard d’euros, droits domestiques et internationaux confondus. Or, avec l’accord validé dimanche, les droits télévisés à l’étranger cédés pour environ 160 millions d’euros et ceux de la Ligue 2 vendus à BeIN Sports pour 40 millions, l’instance n’a pu sécuriser que 700 millions d’euros cumulés par saison.
Une partie non négligeable de ces revenus échapperont aux clubs professionnels : détenant depuis 2022 13 % du capital de la société commerciale de la LFP gérant les droits de diffusion, le fonds d’investissement luxembourgeois CVC Capital Parners a le droit à la même part (13 %) des bénéfices de cette société.
Pour la LFP, ce nouvel accord est d’autant plus décevant qu’il constitue un recul en matière financière. Le dernier cycle de commercialisation des droits domestiques, qui s’est achevé à la fin de la saison 2023-2024, assurait un revenu cumulé de 663 millions d’euros, tous diffuseurs compris (Amazon, Canal+, BeIN Sports, Free).
Cette position avait été entérinée en juin 2021, après que la défaillance du groupe sino-espagnol Mediapro avait laissé le champ libre à Amazon. Le choix, à l’époque, du géant américain de la distribution par le conseil d’administration de la LFP avait heurté le partenaire historique du football français, Canal+. Depuis cette décision, les relations entre M. Labrune et le patron du groupe audiovisuel, Maxime Saada, sont polaires.