Les résultats des élections législatives du 7 juillet, parce qu’ils n’ont débouché sur aucune majorité claire, portaient en eux la promesse d’une révolution parlementaire. Beaucoup entrevoyaient une Assemblée nationale revitalisée et la fin de l’hyperprésidentialisme d’Emmanuel Macron. Une semaine après le scrutin, le tournant se révèle mal engagé.
Un flottement politique et institutionnel s’est installé au plus haut sommet de l’Etat. Quelle méthode, quel projet pour défaire le nœud gordien d’un Hémicycle sans majorité et qui ne peut être dissous durant un an ? L’atmosphère, propice à la confusion, laisse place à toutes les interprétations de ce scrutin sans précédent.
Dès dimanche soir, le chef de l’Etat, a fait savoir qu’il attendrait « la structuration de l’Assemblée » pour éventuellement nommer un premier ministre. Finalement, dans une lettre aux Français, publiée mercredi dans la presse régionale, le locataire de l’Elysée avance que « personne ne l’a emporté dimanche » pour mieux conditionner la nomination d’un premier ministre à un accord sur « quelques grands principes pour le pays » et des « valeurs républicaines claires ». « Il n’existe aucun pays au monde où, après une élection, le président dit qu’il ne s’est rien passé (…). C’est un coup de force », a, une nouvelle fois, fustigé le fondateur de La France insoumise (LFI) Jean-Luc Mélenchon, vendredi.
Depuis le 7 juillet, les trois principaux blocs politiques – le Nouveau Front populaire (NFP), à gauche (195 députés), la coalition présidentielle, au centre (163 élus), et le Rassemblement national (RN) et ses alliés, à l’extrême droite (143 députés) – cherchent à amoindrir l’influence de leurs adversaires dans la future Assemblée nationale, à défaut de pouvoir revendiquer une victoire majoritaire pour leur camp.
Une situation qualifiée de « bourbier » par Marine Le Pen, réélue cette semaine présidente du groupe RN à l’Assemblée. L’ancien premier ministre de Jacques Chirac, Dominique de Villepin, a fait part de sa vive inquiétude, jeudi sur LCI : « L’un des risques, (…) c’est que tout le monde se rende compte que personne politiquement n’a intérêt à diriger ce gouvernement et que le président se retrouve devant le chaos. »
Sous les ors du Palais-Bourbon, la plupart des députés semblaient déconcertés par la tournure des événements. La démission du gouvernement de Gabriel Attal n’a pas été acceptée par le chef de l’Etat. Il pourrait être maintenu jusqu’à la veille du 18 juillet, à temps pour que les dix-sept ministres élus députés puissent prendre part à l’élection de la présidence de l’Assemblée nationale et de son bureau. En parallèle, l’équipe gouvernementale démissionnaire devrait gérer les affaires courantes durant les Jeux olympiques.