Les messages d’absence ont toujours tort

Les messages d’absence ont toujours tort

Préparer son message d’absence plusieurs jours avant de partir, on comprend que ce soit tentant. Un peu comme laver son mug ou laisser une valise ouverte une semaine à l’avance : ça sent déjà le départ. L’été dernier, celui qui envoyait un mail à Denis Quinqueton, attaché de direction à la direction générale de la Fédération des mutuelles de France, recevait la réponse suivante : « Conformément aux lois du 20 juin 1936, du 27 mars 1956 (3e semaine), du 17 mai 1969 (4e semaine) et à l’ordonnance du 13 janvier 1982 (5e semaine), je suis actuellement en congés. » Il réfléchit en ce moment au petit mot qu’il va laisser pour ses vacances 2024.

Ce type de « ooo message » (out of office, « hors du bureau ») est évidemment très atypique. Pas tant pour le rappel historique que pour son emploi du vocable « congés ». D’une manière générale, ces e-mails rechignent autant à employer le mot « vacances » que les annonces de décès rechignent à utiliser le terme « mort ». Tout comme un proche est « parti » ou « nous a quittés », on n’est pas « en vacances » mais « sans accès à sa messagerie ». Dire qu’on aura « un accès limité à ses mails » laisse entendre qu’on n’est pas forcément à la plage, mais peut-être en mission dans la Station spatiale internationale ou en Corée du Nord.

Laisser un message automatique d’absence est la première fausse bonne idée des vacances. Déjà, vous n’en avez pas besoin. Il ne faudrait pas non plus exagérer le nombre de courriels urgents que vous recevrez. Et puis, en juillet et en août, la ­plupart de vos interlocuteurs comprendront pourquoi ils n’obtiennent pas de retour immédiat. Quant aux sollicitations vraiment urgentes qui vous ont été envoyées, aucun des expéditeurs ne sera satisfait ni soulagé de recevoir un message d’absence. Personne ne souhaite savoir que vous êtes en vacances. Aucun client n’a envie d’apprendre que vous vous lavez les mains de son mail. « Je prendrai connaissance de votre message dès mon retour de vacances » se lit comme « vous n’allez quand même pas me gâcher l’été… ».

Cette réponse automatique a aussi l’inconvénient de signifier à votre interlocuteur que vous n’étiez pas vraiment responsable. Dire « en mon absence, vous pouvez contacter Roger Dugommier », c’est un peu comme lorsque Doctolib vous donne un rendez-vous très rapide mais avec le remplaçant du médecin habituel. Vous pouvez le prendre, mais ça ressemble à un léger déclassement. Ou alors, « en cas d’urgence, contactez Jean-Marc Lambert » peut aussi laisser entendre que vous ne vous occupez même pas des urgences. Cela peut se lire comme « je me couvre, si on demande, je n’étais pas là ».

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