Il n’a pas la célébrité de Kilian Jornet ou d’autres stars de l’ultra-trail mondial et avance dans l’ombre, mais Ludovic Pommeret taille sa place au firmament des grands noms de la discipline. Au cœur de la nuit américaine, l’ultra-traileur français a accroché, samedi 13 juillet, un nouveau monument à son riche palmarès. A près de 49 ans – il les célébrera le 22 juillet –, et pour sa première participation à la Hardrock 100, l’un des plus exigeants ultra-trails de la planète et figurant parmi les « classiques » de la discipline (avec l’Ultra-Trail du Mont-Blanc – UTMB –, la Western-States et le Grand Raid de la Réunion), le Savoyard a remporté l’épreuve en 21 heures, 33 minutes et 8 secondes. Il efface au passage le record de l’épreuve à Kilian Jornet (en 2022) pour trois minutes.
« C’était un rêve, j’ai rêvé toute la journée. J’attendais le cauchemar, mais il n’est jamais venu », a commenté sur Instagram le lauréat d’une épreuve « wild and tough » (« sauvage et rude »). Une épreuve qu’il attendait depuis plusieurs années, aussi. « Ça fait cinq ans que je m’inscris à la loterie », relatait Ludovic Pommeret, début juillet sur le site Distances +. Ayant enfin hérité d’un dossard, il a bondi sur l’occasion. Car la Hardrock 100, à la différence notamment de l’UTMB, se caractérise par son caractère intimiste. Ici, pas de milliers de dossards – seuls 146 concurrents ont pris le départ lors de cette édition – pour ce « cent miles » (environ 160 kilomètres) de plus de 10 000 m de dénivelé positif, haut perché – une altitude moyenne de 3 350 mètres.
Habitué des sentiers des Alpes et du Jura, Ludovic Pommeret a participé aux deux dernières éditions de la Western-States, l’autre course emblématique aux Etats-Unis, au train davantage roulant. Et en 2023, il avait découvert la Hardrock en servant de « pacer » (coureur qui sert de soutien à un autre) à son compatriote Aurélien Dunand-Pallaz pour toute la fin du parcours. Pendant près de 70 km, il avait tantôt ouvert la voie, tantôt suivi son ami, avant de s’effacer pour le laisser franchir seul la ligne d’arrivée à Silverton (Colorado) et embrasser le rocher au mouflon, récompense promise au vainqueur de la Hardrock.
« C’est une course différente de ce à quoi on est habitué [en Europe], poursuivait le futur vainqueur dans Distances +. C’est une course en altitude, donc il faut avoir une approche un peu différente », que lors d’une course alpine. Alternant « parties hyper faciles techniquement » et cols enneigés à franchir de nuit, ou « tu es vraiment seul au monde en dehors des ravitaillements », l’édition 2024 de l’épreuve américaine a réservé de nombreux rebondissements. Arrivé en outsider, le discret Français a profité de l’abandon de son compatriote François D’Haene (vainqueur en 2021) au kilomètre 90, pour prendre la tête de la course, et ne plus la lâcher.