C’est un rebond et pas des moindres, plus que bienvenu pour la discrète Barbora Krejcikova (28 ans, 32e joueuse mondiale), qui après être brièvement passée sous les projecteurs lors de son succès obtenu à Roland-Garros en 2021, est parvenue à les rallumer à Wimbledon, samedi 13 juillet, en éteignant la comète de la saison, l’Italienne Jasmine Paolini (28 ans, 7e mondiale). Au terme d’une bataille en trois sets (6-2, 2-6, 6-4), la Tchèque a finalement dominé son vis-à-vis sur le Centre Court, pour s’adjuger le deuxième Grand Chelem en simple de sa carrière, le premier dans le temple du tennis.
La spécialiste du double, – elle a déjà remporté en binôme les quatre tournois de prestige du circuit – peu attendue sur le gazon anglais, a éteint les espoirs de son adversaire grâce à son jeu aussi polyvalent qu’appliqué. Face à la puissance de la Toscane, Barbora Krejcikova a répliqué par son calme et sa maîtrise, de quoi prendre d’entrée l’avantage sur le service de l’Italienne, puis de dérouler son tennis dans la première manche, conclue en un peu plus d’une demi-heure.
Nerveuse mais capable de coups d’éclat, Jasmine Paolini a su mettre à profit son jeu musclé dans le deuxième set, en rendant la pareille à son adversaire. Tout juste sortie de sa crispation pour sa deuxième finale de Grand Chelem, l’Italienne a un temps fait le poids face à la Tchèque, avant de céder face à sa palette de coups. Au coude-à-coude dans l’ultime manche, l’expérience a finalement tranché en faveur de Barbora Krejcikova.
Plus agile sur des surfaces dures, ou de la terre, la native de Brno (République tchèque) a remporté pour la première fois de sa carrière professionnelle un tournoi en simple sur gazon, au meilleur moment, au meilleur endroit. Avant la finale, la Tchèque a dû se frayer un chemin dans un tableau dense, où elle a notamment écarté en quart de finale la Lettone Jelena Ostapenko (tête de série n°13), titrée à Roland-Garros en 2017, puis dans le dernier carré la vainqueure de l’édition 2022, la Kazakhe Elena Rybakina (tête de série n°4).
« Je pense que personne n’y croyait, et personne ne va croire que j’ai gagné Wimbledon, plaisantait-elle au micro de l’organisation du tournoi, après la remise du trophée. Même moi j’ai toujours du mal à y croire. Il y a deux semaines, je n’étais pas dans une très bonne forme, et aujourd’hui, j’en suis là… C’est incroyable : j’ai remporté Wimbledon ! »
Outre son succès londonien, Barbora Krejcikova aura de quoi se réjouir dès lundi, puisqu’elle occupera la 10e place du classement WTA, qu’elle n’avait plus connue depuis son succès aux Internationaux de France de tennis, et la saison qui avait suivi. Elle rejoindra dans la foulée la délégation olympique tchèque, pour espérer glaner une médaille d’or, après celle obtenue en double à Tokyo, en 2021.
Malgré sa nouvelle défaite en finale d’un Grand Chelem, la deuxième consécutive en simple après s’être lourdement inclinée face à Iga Swiatek à Roland-Garros (2-6, 1-6), le 8 juin, Jasmine Paolini affichait toujours son ineffaçable sourire au terme du duel perdu.
Soutenue par le public britannique au long des deux heures de combat, l’Italienne au parcours atypique a tenu à le remercier : « Etre ici, c’est juste fou, a-t-elle lancé au micro de Wimbledon, la voix émue. J’ai profité de chaque moment ici, c’était deux magnifiques semaines, juste merci. »
Plus qu’inattendue à un tel niveau, l’Italienne n’a certes toujours pas de Majeur à son palmarès, mais peut désormais espérer en décrocher un sans ce statut d’outsider, qui lui a encore fait défaut. Elle, qui n’avait jamais réussi à franchir le premier tour du tournoi anglais – en six participations –, vient de briser un nouveau plafond. Il ne lui reste maintenant plus qu’à se hisser tout en haut.