La mère du journaliste sportif français Christophe Gleizes, condamné au début de décembre en Algérie à sept ans de prison ferme en appel, a transmis une demande de grâce au président algérien, Abdelmadjid Tebboune, selon une lettre, consultée lundi 15 décembre, par l’Agence France-Presse (AFP).
« Je vous demande respectueusement de bien vouloir envisager de gracier Christophe, afin qu’il puisse retrouver sa liberté et sa famille », écrit Sylvie Godard dans cette lettre du 10 décembre, assurant faire appel à la « haute bienveillance » du président algérien.
Le journaliste de 36 ans a, par ailleurs, déposé un pourvoi en cassation contre sa condamnation, à la date limite pour ce recours, afin d’obtenir un nouveau procès, ont fait savoir dimanche son avocat français, Emmanuel Daoud, et son avocat algérien, Amirouche Bakouri.
La cour d’appel de Tizi-Ouzou en Algérie a confirmé, le 3 décembre, une peine de sept ans de réclusion pour le journaliste français, condamné en première instance, à la fin de juin, pour « apologie du terrorisme » et emprisonné depuis cette date. La justice algérienne reproche au reporter des contacts avec des personnes liées au mouvement séparatiste MAK (Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie), classé terroriste en Algérie.
Collaborateur des magazines français So Foot et Society, Christophe Gleizes s’était rendu en Algérie en mai 2024 pour un article sur le club de football le plus titré du pays, la Jeunesse sportive de Kabylie (JSK), basé à Tizi-Ouzou, à 100 kilomètres à l’est d’Alger.
« La confirmation de la condamnation à sept années de prison ferme a été pour Christophe, comme pour moi et ma famille, un choc immense », explique Mme Godard dans sa lettre au chef de l’Etat algérien, qu’elle dit écrire « avec gravité et une profonde émotion ». « Cette sentence nous est incompréhensible au regard des faits et du parcours de mon fils », développe-t-elle. « Nulle part dans aucun de ses écrits vous ne trouverez trace d’un quelconque propos hostile à l’Algérie et à son peuple. »
Au lendemain de la confirmation de sa condamnation, le président français, Emmanuel Macron, avait qualifié le jugement d’« excessif » et d’« injuste », se disant déterminé à « trouver une issue favorable ». La présidence française a promis d’« agir auprès des autorités algériennes pour obtenir sa libération et son retour en France dans les plus brefs délais ».
Dans un communiqué publié lundi, l’association Reporters sans frontières (RSF), qui coordonne le comité de soutien de Christophe Gleizes, appuie cette demande de grâce « afin de mettre fin à une grave injustice ». « Nous appelons désormais les autorités algériennes à prendre rapidement la seule décision possible dans ce dossier : libérer Christophe et lui permettre de retrouver les siens le plus rapidement possible », détaille Thibaut Bruttin, directeur général de l’association, cité dans le communiqué.
Seul journaliste français en détention à l’étranger, M. Gleizes avait été arrêté le 28 mai 2024 et d’abord placé sous contrôle judiciaire dans un hôtel jusqu’à son premier procès de juin, à l’issue duquel il avait été incarcéré.
Les proches de Christophe Gleizes ont dit placer leurs espoirs dans une grâce du président algérien, Abdelmadjid Tebboune.
La première condamnation de M. Gleizes avait été prononcée au pic d’une grave crise diplomatique entre la France et l’Algérie, marquée notamment par le retrait des deux ambassadeurs et des expulsions réciproques de diplomates. Mais les relations bilatérales avaient semblé en voie d’apaisement après l’octroi d’une grâce et la libération par Alger de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, le 12 novembre.
Selon son avocat français Emmanuel Daoud, Christophe Gleizes a, parallèlement au recours en grâce et au pourvoi en cassation, la possibilité d’adresser une demande de mise en liberté à la Cour Suprême, qui peut s’accompagner « d’une demande d’aménagement de sa peine ».
« Il est aussi très important, psychologiquement, pour Christophe, de contester toute culpabilité car, comme il l’a dit à la cour, il n’a fait que son métier et n’a, en aucune façon, enfreint la déontologie journalistique », assure l’avocat, cité dans le communiqué publié lundi.