Un mot, une date : « Project 2025 » est sur toutes les lèvres démocrates. Alors que Donald Trump se prépare à une investiture triomphale, lors de la convention républicaine s’ouvrant lundi 15 juillet à Milwaukee (Wisconsin), le voilà encombré d’une œuvre collective aux accents réactionnaires et martiaux, en provenance d’un cercle de réflexion influent, la Heritage Foundation. Project 2025 se présente comme une coalition de 110 organisations conservatrices, préparant depuis deux ans un programme exhaustif, dans tous les secteurs-clés, pour une future administration Trump.
Depuis le printemps, l’équipe de campagne Biden-Harris a diffusé des dizaines de communiqués au sujet de ce projet. Mais l’intérêt du grand public a pris une ampleur inédite après le débat télévisé. La déroute de Joe Biden a aussi été le premier moment où une partie des Américains – les plus politisés – s’est intéressée à la course. A compter du 30 juin, les indices de trafic sur Internet ont montré une hausse fulgurante des consultations au sujet de Project 2025, au point de dépasser celles concernant la ligue de football américain (NFL) et même la chanteuse Taylor Swift, la plus grande vedette actuelle du pays.
« Googlisez Project 2025 », conseillait de façon cryptique le compte de Joe Biden sur le réseau social X, le 9 juillet. Le soir même, Kamala Harris était à Las Vegas (Nevada). Elle s’efforça de détourner l’attention de la santé de Joe Biden vers le plan non assumé de Donald Trump. « Les conseillers de Trump ont créé une feuille de route de 900 pages, appelée “Project 2025”, qui détaille tout ce qu’ils comptent faire dans un second mandat, dit Kamala Harris, notamment réduire la Sécurité sociale, revenir sur notre plafonnement à 35 dollars [32 euros] de l’insuline, éliminer le département de l’éducation et mettre fin à des programmes comme Head Start [aide aux enfants jusqu’à 5 ans]. »
Project 2025 est hébergé par la Heritage Foundation, un cercle de réflexion de droite. Le principe d’un ouvrage collectif préélectoral n’est pas nouveau. L’inspiration est clairement celui publié pour accompagner l’élection de Ronald Reagan en 1980.
Mais jamais l’ambition n’avait été aussi radicale. « Le gouvernement fédéral est un monstre, instrumentalisé contre les citoyens américains et les valeurs conservatrices », écrit le directeur du projet, Paul Dans, qui fut, en 2020, le responsable du bureau de gestion du personnel au sein de l’administration Trump.
En février, le média New Republic a qualifié ce document de chemin vers « un fascisme américain du XXIe siècle ». Le président de la Heritage Foundation, Kevin Roberts, n’a rien fait pour calmer la polémique. « Nous sommes au beau milieu de la seconde révolution américaine, qui demeurera sans effusion de sang, si la gauche le permet », a-t-il lancé récemment au micro de « The War Room », le podcast de Steve Bannon, ancien conseiller spécial de Donald Trump.
