C’est en dessous de la dalle que cela se passe, à treize mètres de profondeur. Il faut ouvrir une trappe d’accès puis descendre quelques marches, pour découvrir le réseau de froid collectif qui rafraîchit les bureaux et le centre commercial du quartier d’affaires de la Part-Dieu, à Lyon.
Une option encore peu répandue face aux climatiseurs classiques, et moins gourmande en électricité. Schématiquement cette solution consiste à capter une source de fraîcheur naturelle (fleuve, lac, mer, sous-sol…), pour acheminer le froid par canalisation jusqu’à une station, qui prend le relais pour le diffuser dans les étages des bâtiments.
« De l’extérieur, rien n’émerge », fait observer Gérald Campbell-Robertson, directeur général d’ELM, balayant du regard le terrain en friche appartenant à la métropole. La société exploite ce sous-sol dans le cadre d’une délégation de service public. Comme le rappellent les logos sur les casques de protection, elle est partie intégrante de l’entreprise Dalkia, elle-même filiale de l’électricien EDF.
De part et d’autre du terrain, les archives départementales du Rhône font face au siège régional d’Orange. Le réseau couvre 1,5 million de mètres carrés de bâtiments raccordés. « Les pics de consommation sont, en été, en général entre midi et 14 heures », précise M. Campbell-Robertson. Pour autant, ajoute-t-il, ce type d’installation peut continuer à servir « toute l’année, par exemple pour les data centers ou les blocs opératoires des hôpitaux ».
Contrairement aux climatiseurs classiques, qui obligent chaque immeuble à compter sur son propre « groupe froid », le réseau permet une production centralisée. Deux centrales l’alimentent : ici même, celle de Mouton-Duvernet (depuis 2019), 1 600 mètres carrés sous terre, et, un plus loin, celle de Lafayette (depuis 1971), rappelant que cette solution n’est pas neuve. Un autre réseau, celui du quartier de Gerland, est par ailleurs en activité depuis 2022. Il fonctionne distinctement, « car le froid se transporte assez mal », rappelle le directeur général d’ELM. D’où l’importance d’une certaine densité de bâtiments avec une forte consommation.
La production de froid mutualisée évite les effets indésirables des climatiseurs autonomes, qui rejettent dans l’air de la chaleur. Le raccordement peut aussi libérer de l’espace dans les bâtiments concernés : cette opération n’implique qu’un point de livraison, une sous-station. Dans les étages, divers émetteurs de froid sont possibles, par des systèmes de ventilation ou… par le parquet.