« D’où vient la veste ? » Marine Tondelier n’a pas souhaité répondre à cette question pressante des internautes et du Monde : « Ça m’amuse de voir les gens chercher », dit-elle. Mais Google Lens, programme de reconnaissance d’images alimenté par l’intelligence artificielle, est formel : il s’agit d’un modèle The Kooples, marque française qui se définit comme « haut de gamme accessible ». Il obtient le faible score de 22/100 sur Clear Fashion, une appli qui enquête, de manière indépendante, sur l’impact écologique et social des enseignes. La veste est tout de même en 100 % laine et made in Portugal. Quant à son prix de 395 euros, Marine Tondelier commente : « C’est le vêtement le plus cher de ma garde-robe. Si j’avais su qu’elle serait si vite en solde… »
Marine Tondelier a « toujours porté des vestes vertes » plutôt claires, car elle trouve « triste » la teinte vert forêt du parti. Sur le terrain, elle arbore souvent un modèle en denim, pratique pour tracter mais inadapté aux enjeux nationaux, plaisante-t-elle, dans l’émission Quotidien, où elle évoque ses « vestes de zadiste ». Auprès de M Le magazine du Monde, elle se rappelle avec nostalgie « un modèle Sessùn de seconde main », tellement porté depuis son élection au poste de secrétaire nationale d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV), en 2022, que « la doublure s’est déchirée ». Le 13 juin 2024, quand le Nouveau Front populaire (NFP) annonce un accord sur le programme, il faut lui trouver une remplaçante en urgence. Mandaté, un « ami de confiance » lui achète trois modèles. A peine enfilé, le blazer est adopté. « J’ai réalisé son impact le 14 juin, sur le plateau du JT de 13 heures de TF1, en découvrant la photo de groupe que nous venions de prendre. Au milieu des vestes sombres, on ne voyait que moi. »
En juin 2024, un internaute anonyme non affilié à EELV lance le compte @VesteTondelier sur X. Il y fait parler la veste à la première personne, commente en direct les interventions de la première secrétaire et, quand l’éditorialiste d’extrême droite Eugénie Bastié s’affiche en blazer vert sur CNews pour critiquer le NFP, il lui propose de porter plutôt « une chemise brune ». Suivi par 15 000 abonnés, le compte illustre l’effort de jeunes sympathisants de gauche pour ne plus laisser le champ libre à l’extrême droite (Jordan Bardella cumule 1,9 million de followers sur TikTok) depuis le séisme des européennes. Leurs armes : des edits, des vidéos au montage saccadé, des mèmes et des compilations des punchlines de leurs champions. Dans cette bataille d’influence, la veste verte permet à EELV de tirer son épingle d’un jeu jusque-là dominé par La France insoumise (LFI). Elle rejoint les icônes du vestiaire politique, du chapeau en feutre de François Mitterrand à la parka rouge de Laurent Wauquiez, en passant par les chaussettes montantes de Jacques Chirac.