Nouvelle-Calédonie : Sonia Backès, une loyaliste à l’heure des combats perdus

Nouvelle-Calédonie : Sonia Backès, une loyaliste à l’heure des combats perdus

C’est un message que l’Américain Donald Trump ne renierait pas. « L’Etat n’a pas permis que cette élection se passe de manière démocratique et transparente. » Soit la contestation, immédiate, du second tour du scrutin législatif, dimanche 7 juillet en Nouvelle-Calédonie, marqué par la victoire du premier député indépendantiste depuis 1986, Emmanuel Tjibaou. L’objection, postée sur les réseaux sociaux, émane de Sonia Backès, la cheffe de file du camp loyaliste, face à son échec.

A Nouméa, la présidente de la province Sud, élue en 2019, Sonia Backès, ne surprend plus ; elle assume depuis des mois avec sa garde rapprochée une radicalité débridée. « Fraude à grande échelle. Scrutin ni libre ni sincère », ajoutait, le 7 juillet, sans fournir de preuves, son numéro deux, Philippe Blaise, sur son compte Facebook.

Quand, le 28 mars, à Nouméa, la quadragénaire mobilise ses sympathisants pour défendre la réforme du corps électoral, avancée par Emmanuel Macron en dépit de son rejet par le Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS), elle monte le ton : « Je vais leur dire [aux indépendantistes], on a été gentils, trop gentils. Mais c’est terminé. On va pas se laisser faire. » Le Sénat s’apprête à voter le projet, certains redoutent des violences, elle, enchaîne : « Je le dis à Paris, aux parlementaires qui tremblent. Le bordel, c’est nous qui le mettrons si on essaie de nous marcher dessus ! »

Tel le chiffon rouge de l’arène, ce « bordel » va enflammer les réseaux sociaux. « Backès dégage », « Sonia Backès bourre ta mère », « Backès BTM », lit-on, partout sur les barrages, depuis le début de l’insurrection kanak, le 13 mai, contre la réforme, plongeant le territoire dans le chaos.

La responsable politique appelle à la « résistance », tandis que ses alliés de la droite, Nicolas Metzdorf, alors député Renaissance – il a été réélu, le 7 juillet, mais sous l’étiquette divers droite –, et Virginie Ruffenach, la cheffe du groupe Rassemblement au Congrès de la Nouvelle-Calédonie, dénoncent qui « une dictature », qui un « terrorisme ».

C’en est trop, désormais, pour un camp non indépendantiste effaré par le désastre qui engloutit le territoire. Simon Loueckhote, Kanak et sénateur de 1992 à 2011, affirme, mi-mai, que « la radicalisation du partenaire » indépendantiste est la conséquence de « l’aveuglement » loyaliste. Dans une « pétition pour la paix », quatre membres du gouvernement local, jusque-là des proches, lâchent publiquement Sonia Backès début juin, dont le maire de Dumbéa, Yoann Lecourieux (Rassemblement-Les Républicains, LR), qui l’accuse d’avoir « allumé la mèche » du désordre. Mais aussi les enfants de Jacques Lafleur, la figure tutélaire de la Nouvelle-Calédonie française, Isabelle et Pascal. Et Sonia Lagarde, maire de Nouméa et soutien d’Emmanuel Macron. Ou encore le plus grand patron de l’archipel, Didier Leroux, suivi d’autres chefs d’entreprise – autant de financeurs potentiels d’une future campagne, pour celle qui pense pouvoir être réélue en 2025.

Recomendar A Un Amigo
  • gplus
  • pinterest
Commentarios
No hay comentarios por el momento

Tu comentario