Suzanne et l’empoisonneur : « Il vient voir si je suis morte ! »

Il présente bien, Olivier Cappelaere. Cordial, poli, des références solides. Il est dirigeant de société, son épouse est comptable, ils vivent eux aussi au Cannet (Alpes-Maritimes) ; à eux deux, ils ont l’âge de Suzanne Bailly, 78 ans. Ce 7 juillet 2008, dans les bureaux de l’étude Lodel, à Nice, spécialisée dans la vente en viager, les acquéreurs et leur crédirentière se rencontrent pour la première fois. Le compromis de vente est signé, le couple, qui vient de percevoir un petit héritage, n’a pas besoin d’emprunter. L’appartement de 66 mètres carrés, au deuxième étage de la résidence Sérénité au Cannet, doté d’un parking extérieur et d’une cave, a été évalué 140 000 euros. Il est vendu occupé, moyennant un bouquet de 60 000 euros et une rente mensuelle de 600 euros, révisable chaque année. Olivier Cappelaere propose de sabler le champagne. Suzanne les invite chez elle, elle se chargera des gâteaux salés. Elle regagne sa Peugeot 406, les Cappelaere montent dans leur 4 × 4 Mercedes.

Autour de la table du salon, le couple évoque sa vie sans enfants, les safaris en Afrique, le ski à Isola 2000, où madame possède un appartement. Leur amour commun des chiens alimente la conversation. Suzanne raffole des yorkshires. La petite Ulla qu’elle tient sur ses genoux est la troisième. Olivier Cappelaere préfère les bouledogues, le jeune Calvin s’affiche en fond d’écran de son téléphone. « Je me donne vingt ans », dit le nouveau propriétaire en prenant congé de sa crédirentière.

Il avait bien tenté de négocier 15 000 euros de moins auprès de l’étude Lodel, mais Suzanne avait tenu bon. « Je ne solde pas mon appartement. Trouvez un autre acheteur ! », avait-elle répondu, impérieuse. L’étude a consenti un rabais sur sa commission, tout le monde est content, Olivier Cappelaere prévient d’ailleurs l’agent qu’il est intéressé par d’autres acquisitions. Depuis son infarctus du myocarde, deux ans plus tôt, il se doute que les banques hésiteront à lui accorder des crédits importants, il doit être modeste dans ses investissements. Et puis, comme il dit : « Il y a toujours un côté humain dans le viager. »

Une nouvelle occasion se présente, en mars 2009, toujours au Cannet. Deux pièces de 43 mètres carrés, en viager occupé, avec un bouquet de 29 000 euros et une rente mensuelle de 900 euros sur une seule tête. L’affaire est conclue. Coup de chance, l’occupante de 89 ans meurt huit mois plus tard. Le dirigeant de société réinvestit alors dans un troisième viager, à Nice. Deux autres suivent, en 2012 et 2013. Avec ce patrimoine immobilier et deux salaires confortables, le couple vit bien. Madame roule en Audi TT. Monsieur suit le cours de ses montres de collection.

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