Dans les salles, cette semaine, Emmanuel Mouret, peintre aimable des inconstances amoureuses, fait miroiter autour de trois amies une gamme d’émotions plus graves que d’ordinaire. Coralie Fargeat lance son actrice Demi Moore dans une course contre le vieillissement où se mêlent horreur et glamour. Enfin, le jeune réalisateur italien Piero Usberti capte la beauté des lieux et la parole de la jeunesse d’un Gaza qui n’existe plus.
A ne pas manquer
Nous sommes à Lyon. Joan (India Hair) et Alice (Camille Cottin) enseignent dans le même lycée. La première, tiraillée, souffre de ne plus vibrer pour son compagnon, Victor (Vincent Macaigne), professeur de français, et se sent tenue envers lui par une exigence d’honnêteté. La deuxième, elle, assume une conjugalité dépassionnée et joue la comédie à domicile pour se prémunir de trop violents orages amoureux.
La troisième, Rebecca (Sara Forestier), professeure d’arts plastiques en recherche de poste, qui, en attendant, joue les gardiennes au musée, sort avec « M. X », un homme marié dont elle dissimule l’identité – et pour cause, puisqu’il s’agit du compagnon d’Alice (Grégoire Ludig).
La mort subite de Victor dans un accident de voiture, qui laisse Joan inconsolable, va bientôt rebattre les cartes, amenant un nouveau venu au poste de professeur laissé vacant, un dénommé Thomas (Damien Bonnard), auteur à succès.
La souplesse d’écriture d’Emmanuel Mouret, son jeu sur les équivoques du langage s’appuient ici sur une mise en scène discrètement virtuose, qui sert sur un plateau de longues prises, variant selon les combinaisons des comédiens (en duettos, trios, quartettes, etc.). Sous l’évanescente matière sentimentale, les aventures des « trois amies » abritent une question plus vaste : celle du choix. En est-on vraiment maître ? Choisit-on vraiment quelque chose, ou la possibilité du choix en lui-même ? Et les jeux frivoles de l’amour d’emprunter par leurs propres moyens les sentiers de la philosophie. M. Ma.
Né en 1992, philosophe de formation, Piero Usberti avait 25 ans lorsqu’il est parti à Gaza, en mars 2018 – il y est resté trois mois au fil de deux séjours consécutifs. Depuis l’adolescence, il avait en tête des images de ce territoire coincé entre l’Egypte et Israël (sous blocus depuis 2007), alors que son père, universitaire, organisait des échanges avec la Palestine.