En 2025, les entreprises de 11 à moins de 50 salariés devront faire participer ces derniers à leurs bénéfices. Cette option est devenue une obligation avec la loi sur le partage de la valeur, en vigueur depuis l’été. Leur entrée en jeu gonflera les en-cours d’épargne salariale qui volent déjà de records en records.
A 190 milliards d’euros en 2023, ils égalent la fortune de Bernard Arnault, l’homme le plus riche de France. Un trésor qui devrait être en hausse de 5 % en 2024, selon Amundi, la filiale du Crédit agricole qui gère la plus forte part de cette épargne en France. Comment a évolué cette manne au fil des ans ? Sur quels supports est-elle placée ? Quelle part est retirée ou laissée investie ?
L’épargne salariale – qui regroupe la participation, soit la redistribution d’une partie des bénéfices de l’entreprise à ses salariés, et l’intéressement, qui permet de les récompenser quand les objectifs de la société sont atteints – a près de 60 ans. Une ordonnance du général de Gaulle met en place le premier dispositif de participation des salariés aux bénéfices de leur employeur en 1967. Dans le même temps, elle encadre la création du premier plan d’épargne entreprise, pour faire fructifier ces versements.
Le dispositif va se généraliser très progressivement dans les entreprises françaises. L’Association française de la gestion financière (AFG) commence à enregistrer ses en-cours en 1993. Trente ans plus tard, ses montants ont décuplé, de 18 à 188 milliards d’euros. En 2023, près de 400 000 entreprises offrent cette rémunération complémentaire à 13 millions de travailleurs, la moitié de la population en emploi en France.
La croissance continue des en-cours des fonds communs de placement des entreprises n’a connu qu’un seul coup d’arrêt depuis 2005. C’était en 2008, quand la crise financière a fait mécaniquement baisser la valeur des fonds d’épargne salariale et provoqué de nombreux retraits. Depuis 2020, à l’inverse, l’augmentation des en-cours s’accélère. Les analystes de l’AFG y voient l’effet de la loi Pacte, adoptée en 2019, notamment pour simplifier la création des plans d’épargne entreprise.
« Les évolutions de la loi ont des répercussions sur les en-cours, mais à moyen ou long terme, très progressivement », constate Grégory Miroux, directeur épargne salariale et épargne-retraite au sein de l’AFG. L’expert s’attend ainsi à voir augmenter lentement les montants placés sur des fonds d’investissement responsable. La loi sur le partage de la valeur en entreprise prévoit en effet qu’au moins un fonds labellisé figure parmi les offres de placement aux salariés en 2025. Cinq labels sont cités dans le décret d’application, dont Finansol, qui récompense l’investissement social et solidaire, ou ISR, pour « investissement socialement responsable », qui exclut désormais les expansionnistes de l’industrie fossile.