A La Réunion, la crise à Mayotte interroge le vivre-ensemble

Quand elle danse, jusqu’à l’épuisement, Sophie Calton oublie la petite fille timide du quartier du Chaudron qu’elle fut, pour retrouver avec bonheur ses aïeux venus d’Afrique. « La danse a été pour moi un appel, une identité puisée aux racines », confie cette professeure d’anglais de 47 ans. « C’est d’abord un “fonnker” [en créole, un “fond de cœur”], une libre expression de ce qui vibre à l’intérieur. » Ce mercredi 4 décembre 2024, dans un gymnase de Saint-Denis, la petite troupe de l’association Danses Musiques africaines répète sa chorégraphie, en vue du défilé du 20-Décembre, le jour férié qui marque l’abolition de l’esclavage à La Réunion, en 1848. Le maloya, chanté et dansé depuis lors, a une nouvelle fois emporté les cœurs. « Ce jour-là, nous pouvons lâcher notre “lang kozé” », le créole, longtemps étouffé dans les familles au profit du français, souligne la danseuse.

Johnny Payet, le maire (Rassemblement national, RN) de La Plaine-des-Palmistes, dans les montagnes, a bien été le seul à refuser de marquer l’événement. Dans toute l’île, comme à l’accoutumée, les communes se mobilisent. Partout, on se retrouve dans la rue, que l’on soit « yab » (les Créoles blancs originaires des hauts de l’île), « malbar » (d’origine indienne), « zarab » (musulman originaire du Gujarat, en Inde, ou de Maurice), « cafre » (descendant d’esclave africain), « chinois », « malgache » ou « zorey » (métropolitain). Le 20-Décembre, ou Fête des cafres, illustre aussi le métissage de la société réunionnaise, sa « batarsité », selon la chanson du musicien Danyèl Waro.

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