Vincent Ravalec, écrivain : « J’utilise l’intelligence artificielle de façon totalement décomplexée »

Les artistes et les créateurs sont confrontés à une situation inédite. Un mécanisme inanimé est capable d’émettre des propositions qui ressemblent fort à ce qu’il est usuel de considérer comme de la création. Bien entendu, au cours de l’histoire, de nombreuses avancées technologiques ont modifié le champ des possibles de l’expression artistique, mais jamais en interférant avec ce processus si particulier qui nous permet de concevoir des œuvres. Même si l’on considère des adjuvants comme l’alcool ou d’autres psychotropes comme des alliés puissants de l’inspiration, force est de constater qu’ils n’ont jamais pondu une idée, un texte, un dessin ou un morceau de musique à partir d’un prompt.

Or, c’est ce qu’il se passe aujourd’hui. A partir d’une requête formulée intelligiblement, en moins de temps qu’il ne le faut pour le penser, une réponse souvent époustouflante de pertinence jaillit de la boîte magique. A tel point que si l’on n’était pas au fait du sortilège technologique qui le permet, on pourrait vite imaginer une inquiétante diablerie, voire convoquer le bûcher.

Personnellement, j’utilise l’intelligence artificielle (IA) de façon totalement décomplexée depuis qu’elle a été rendue accessible au public. J’ai contribué abondamment à l’un des premiers livres au monde à compte d’éditeur entièrement illustré par l’IA (une biographie de Jésus, qui plus est). Je distille des images animées dans des films. Je fais des voix off. Des morceaux de musique. Plusieurs IA sont maintenant mes fidèles partenaires pour l’écriture de scénario. Et je donne des formations dans lesquelles je partage ces nouvelles pratiques. J’ai également participé, depuis deux ans, à des tables rondes ou à des master class sur le sujet. Je suis donc amené à côtoyer de nombreux artistes et à en discuter.

Les réactions sont diverses, mais se décomposent en catégories assez identifiables. Il y a les violemment contre. La plupart du temps, ils n’ont pas utilisé l’IA, et en ont une idée aussi précise que floue : celle d’une entité métallique et sans âme qui risque de les supplanter à brève échéance. Ceux qui mettent un doigt dedans en douce, mais sans trop communiquer dessus, par crainte d’être mis au ban de leur communauté – c’est le cas de plusieurs illustrateurs, dessinateurs de BD et musiciens de ma connaissance. Ceux qui n’ont pas d’avis, parce qu’ils n’ont pas saisi qu’une révolution avait lieu sous leurs yeux. Et enfin, ceux, pas très nombreux, qui commencent à essayer de l’utiliser.

Recomendar A Un Amigo
  • gplus
  • pinterest
Commentarios
No hay comentarios por el momento

Tu comentario