Courageux novateur pour les uns, pernicieux agitateur pour d’autres, Jorge Mario Bergoglio, porté au siège de Pierre sous le nom de François, est mort lundi 21 avril à 7 h 35, à l’âge de 88 ans, a annoncé le Vatican. Pendant son pontificat, le premier pape latino-américain aura bousculé les catholiques autant qu’il aura séduit au-delà d’eux. Défenseur inlassable des pauvres, des migrants, de la planète saccagée, de l’entente interreligieuse, pourfendeur de la cancel culture et de l’« idéologie du genre », se définissant avant tout comme un « fils de l’Eglise », ce pape s’est joué des catégories paresseuses.
Les progressistes ont voulu voir en lui l’un des leurs après la longue ère conservatrice de Jean Paul II et de Benoît XVI. Ils n’ont pas pipé mot lorsqu’il a comparé le recours à l’IVG à l’embauche d’un « tueur à gages ». Les catholiques conservateurs, champions des « racines chrétiennes » ou tentés par le rite ancien, se sont étranglés quand il a vanté une société « multiculturelle » et marginalisé la messe en latin. Avec Bergoglio l’Argentin, les lignes politiques habituelles ne recoupaient pas toujours celles du Credo.
Lorsqu’il succède à Benoît XVI, le 13 mars 2013, François prend la tête d’une Eglise recroquevillée, réfractaire aux évolutions sociales, récriminant contre le relativisme et l’individualisme. En outre, sa gouvernance est dysfonctionnelle. Ses finances ne respectent aucune norme internationale de transparence, reléguant le Saint-Siège au rang déshonorant de paradis fiscal. Hermétique et suffisante, la curie est traversée de rivalités et ses manquements s’étalent périodiquement dans la presse. Le prédécesseur allemand de François avait pris acte de son impuissance à remédier à ces travers en renonçant à exercer un ministère qui lui semblait désormais au-dessus de ses forces, le 11 février 2013.