Curieux édifice : un bâtiment blanc et beige aux baies cintrées, le toit couvert d’ardoises, avec une tour suggérant un clocher d’église. Nous voici devant un « temple laïc de l’électricité », décrit la plaquette posée au bord du chemin, au détour d’une route départementale, par la commune de Laval-en-Belledonne (Isère). Comme d’autres dans les Alpes, à une vingtaine de kilomètres de Grenoble, la petite centrale hydroélectrique dite « du Haut-Laval » fonctionne depuis maintenant plus d’un siècle. Conçue à partir de 1916, en pleine première guerre mondiale, puis mise en service en 1921, elle rappelle que l’hydraulique est une source d’électricité renouvelable centenaire – bien avant l’essor des éoliennes et des panneaux solaires.
« C’est une fierté de réussir à garder cet actif en l’état, et de faire en sorte qu’il tourne toujours », apprécie Céline Martinet. Clés en main, en cet après-midi d’avril, la directrice générale adjointe de l’exploitant Hydrocop s’apprête à ouvrir la porte métallique de la centrale. A l’entrée, sous vidéosurveillance, deux mises en garde pour promeneurs imprudents : « Danger de mort », « défense d’entrer ».
En ce lieu haut de plafond, aucun salarié ne travaille en permanence. Automatisées, les deux turbines à l’habitacle rouge se contrôlent à distance. Une visite de routine hebdomadaire suffit. « Une centrale comme celle-ci permet de soutenir la tension du réseau électrique », fait valoir Mme Martinet, jusque dans ce village d’un millier d’habitants. D’une puissance de 2,6 mégawatts, l’installation est à même de produire 11 gigawattheures par an. Soit la consommation moyenne de quelque 5 000 personnes, chauffage compris.