Le 15 mai, l’Assemblée nationale a adopté une proposition de loi visant à lutter contre la mortalité infantile. Ce sujet mérite toute notre attention. En France, la mortalité infantile, qui désigne les décès survenant avant l’âge de 1 an, est en constante augmentation depuis 2012. En l’espace de deux décennies, notre pays est passé de la 3e à la 23e position parmi les 27 Etats membres de l’Union européenne. En 2024, 2 700 enfants sont décédés avant leur premier anniversaire, dont la très grande majorité au cours de leur premier mois de vie. On ne peut que saluer le fait que les décideurs politiques se préoccupent de ce problème de santé publique, car, derrière ce chiffre, il y a des drames et des familles dévastées. Mais, pour que cette mobilisation porte ses fruits, encore faut-il que les actions envisagées soient orientées vers les bons leviers.
Ce projet de loi prévoit la création d’un registre des naissances et des décès néonatals, une mesure portée depuis longtemps par la Société française de néonatalogie, notamment lors des Assises de la pédiatrie. Intégrer cette proposition dans le projet de loi était essentiel. Il s’agit d’un outil indispensable pour mieux comprendre les facteurs à l’origine de l’augmentation continue de la mortalité infantile et l’excès de 1 200 décès néonatals annuels observé par rapport à la Suède, pays dont le taux de mortalité néonatale est le plus faible d’Europe.
Les députés proposent également de « garantir une formation continue aux gestes d’urgence obstétricale ». Cette disposition, louable de prime abord, néglige un maillon essentiel : la formation aux gestes de réanimation du nouveau-né en salle de naissance, dont dépendent pour survivre 1 à 3 % des nouveau-nés. Ces formations sont donc indispensables pour tout le personnel intervenant en salle de naissance. Pour qu’elles soient efficaces, elles doivent être conduites auprès d’équipes pluriprofessionnelles stables, composées d’agents pérennes, et non de personnel intérimaire. L’enjeu est clair : assurer à chaque nouveau-né une prise en charge rapide, coordonnée et sécurisée dès les premières secondes de vie.