Psychologue de l’éducation nationale et directeur du centre d’information et d’orientation de Lens (Pas-de-Calais), Joël Capon reçoit chaque année des centaines de collégiens en quête de repères pour leur orientation. En parallèle, il enseigne, depuis quatre ans, le traitement des données à l’Institut d’administration des entreprises de Lille. Avec les élèves qui défilent dans son bureau, il constate un désintérêt marqué pour les métiers de la comptabilité ou du bâtiment, qui pâtissent souvent de clichés tenaces qu’il peine à déconstruire.
Un métier peut être impopulaire pour deux raisons : soit on ne sait même pas qu’il existe, soit il a carrément une mauvaise réputation. Prenons la profession de comptable, qui a toujours fait l’objet de nombreux préjugés : ses tâches seraient ennuyeuses et rébarbatives, on les exécuterait dans un bureau sans fenêtre…
Pourtant, la réalité est souvent différente : quand je donne des cours de gestion à l’université, je vois des étudiants passionnés par la résolution de problèmes et enthousiastes à l’idée d’éplucher de grosses bases de données. Même chose dans le bâtiment, un secteur qui charrie également de nombreux lieux communs : son environnement est perçu comme pénible et dangereux, alors que les conditions d’exercice de ces métiers ont beaucoup évolué.
Si des métiers sont mal aimés, cela vient aussi de l’environnement familial, car les parents diffusent certains stéréotypes. Dans les Hauts-de-France, ceux qui ont travaillé dans l’industrie au XXe siècle ont tendance à décrire à leurs enfants le milieu très hostile auquel ils ont été confrontés : poussière, bruit, éclairage faible ou désagréable, fortes températures…
Or, les conditions de travail dans la production industrielle ne sont pas les mêmes qu’il y a vingt ou trente ans : les chaînes de fabrication sont soumises à des règles d’hygiène strictes, et la sécurité des employés est garantie par des normes qui n’existaient pas alors.