Rémi Lefebvre, politiste : « A gauche, une primaire ouverte est non seulement possible mais indispensable »

La gauche est inaudible dans un débat public droitisé ; elle est faible politiquement, avec d’étroites bases militantes et un potentiel électoral plafonnant à 30 %. Le seul message qu’elle semble émettre est celle de ses divisions qui désespèrent le peuple de gauche. Peut-elle se permettre d’aborder aussi fracturée la prochaine échéance présidentielle, alors que la menace d’une victoire de l’extrême droite n’a jamais été aussi crédible en 2027 ?

Si aucune initiative de rassemblement n’est rapidement lancée, c’est une primaire sauvage par les sondages qui s’imposera. La logique des gauches irréconciliables s’exacerbera. Dans l’anticipation d’une défaite, chaque parti jouera la carte mortifère de l’affirmation identitaire.

Une candidature unique de la gauche apparaît à ce stade improbable – les prétendants Raphaël Glucksmann ou Jean-Luc Mélenchon cultivant leur espace resserré, social-démocratie chez l’un, gauche de rupture chez l’autre. Elle est pourtant la condition d’une victoire au second tour. Dans l’état de ses forces, la gauche est condamnée à se rassembler pour gagner. Mieux vaut qu’elle le fasse le plus tôt possible pour faire naître un espoir, enclencher une dynamique de mobilisation dans la société, renouer avec l’esprit du Nouveau Front populaire et faire arbitrer par les électeurs les différends que les dirigeants n’arrivent pas à trancher.

Pour produire cette candidature dans un cadre procédural réglé, une primaire de coalition ouverte est non seulement possible mais indispensable. Certes, d’autres options existent (conclave, convention citoyenne…), mais il est peu probable que les partis s’y rallient et elles ne produiraient pas la légitimité populaire pour propulser un candidat.

La primaire a des défauts. Elle dévalue l’engagement militant, enrôle plutôt des citoyens politisés et diplômés et produit donc des effets censitaires, accroît la centralité dommageable de l’élection présidentielle. Elle peut abîmer le camp qui y a recours en encourageant la négativité des échanges. Elle n’est pas une garantie de victoire et on lui impute parfois des défaites (François Fillon, Benoît Hamon) qui relèvent d’autres facteurs.

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