Réindustrialisation, décarbonation, vieillissement de la population… Comme tous les pays européens, la France fait aujourd’hui face à de nombreux défis qui ne peuvent plus être remis à plus tard. Mais, face à ces impératifs, la France rencontre plusieurs obstacles.
L’un d’entre eux est le coût de sa dette. Depuis 2021 en effet, les paiements d’intérêts ont déjà augmenté de 16,8 milliards d’euros et atteindront 54,9 milliards d’euros pour l’année 2025. L’une des raisons de cette envolée est l’augmentation des taux directeurs par la Banque centrale européenne (BCE) consécutive à l’épisode inflationniste engendré par la crise du Covid-19 et ensuite alimenté par la guerre en Ukraine.
Pour cette raison, la France devrait être attentive au réexamen discret que conduit en ce moment la BCE de sa politique monétaire. Il existe en effet un risque réel que cette révision soit, une fois encore, calquée sur des méthodes datées de lutte contre l’inflation, s’appuyant sur l’augmentation des taux d’intérêt.
Le cadre actuel supposant, en effet, que des taux élevés permettent d’ancrer les anticipations d’inflation et d’empêcher les syndicats d’exiger des hausses de salaire. Pourtant, cet accent mis quasi exclusivement sur l’inflation anticipée ne devrait plus constituer, aujourd’hui, l’alpha et l’oméga de toute politique monétaire : l’évolution des anticipations n’étant qu’une des nombreuses causes possibles de l’inflation.
Pour en juger, nous disposons déjà du recul suffisant à l’égard du récent épisode inflationniste. Celui-ci a trouvé son origine dans la combinaison de contraintes particulièrement sévères sur l’offre – qui faisaient suite au redémarrage de l’économie mondiale, mise sous cloche le temps de l’épidémie – et de stratégies tarifaires mises en place par de nombreuses entreprises.
Pour essayer de juguler le phénomène, la BCE, qui avait pourtant correctement identifié les sources de cette augmentation des prix, s’est alors retrouvée face à un dilemme : soit considérer que le phénomène ne serait qu’éphémère et ne rien faire, soit user de l’arme massue dont elle dispose, à savoir les taux directeurs.