« Dans le conflit entre la Russie et l’Ukraine, la question territoriale est importante, certes, mais pas autant qu’il n’y paraît »

Vladimir Poutine a déjà fait tuer ou mutiler des centaines de milliers de Russes et d’Ukrainiens. Le président de la Fédération de Russie laissera cette marque dans l’histoire – celle du commanditaire d’une « guerre de choix ». En toile de fond de l’agression qu’il poursuit depuis plus de trois ans, la même question, jamais bien posée, jamais vraiment élucidée, tourne au fil des batailles du Donbass : pourquoi cette tuerie ? C’est une question-clé pour comprendre toute la difficulté qu’il y a à esquisser une possible négociation.

De retour à la Maison Blanche, Donald Trump, plus fier à bras que jamais, pensait que « vingt-quatre heures » lui suffiraient pour « régler le problème ». C’était une affaire foncière et, en la matière, le « roi de la négociation » s’y connaissait. Il avait fait ses preuves dans la promotion immobilière à New York et dans le New Jersey. Règle de base : le terrain commande, comme au golf. On reconnaît donc de jure l’annexion de la Crimée par la Russie – parce que c’est ainsi depuis 2014, dit-il, et que tout le monde, peu ou prou, semble l’accepter. On reconnaît ensuite de facto le contrôle par l’armée russe d’une partie de la bordure orientale de l’Ukraine, le Donbass, parce que les forces de Kiev n’ont pas les moyens de la reconquérir. En contrepartie de cet aménagement « foncier », on garantit aux Ukrainiens les moyens de se défendre contre une nouvelle offensive russe mais sans les intégrer dans l’OTAN.

Déception, les Ukrainiens n’ont pas aimé, mais, plus intéressant encore, les Russes non plus. Explication : dans le conflit entre les deux parties, la question territoriale est importante, certes, mais pas autant qu’il n’y paraît. L’objectif premier des dix divisions blindées russes qui franchissent la frontière, le 24 février 2022, n’était pas le Donbass, mais Kiev. Elles avaient pour mission de renverser le président démocratiquement élu, Volodymyr Zelensky, et d’installer dans la capitale ukrainienne un gouvernement à la botte du Kremlin.

Recomendar A Un Amigo
  • gplus
  • pinterest
Commentarios
No hay comentarios por el momento

Tu comentario