Cinq romans, deux récits, deux recueils de poésie, un livre jeunesse, une biographie, un essai de philosophie, de l’histoire de l’art… Voici les brèves critiques de treize ouvrages notables en cette vingt-cinquième semaine de l’année.
Dans L’Effet coccinelle (HSN, 2021), Yann Bécu nous avait beaucoup fait rire et réfléchir avec ses bureaucrates extraterrestres chargés de l’« expérience Homo sapiens » et ses employés de terrain devant remédier tant bien que mal aux erreurs de conception initiales du projet. Son nouveau roman, Sous la brume, a su conserver l’humour (parfois bien noir) du précédant. En instillant dans sa science-fiction les codes du roman policier procédural et du thriller financier, en lieu et place de ceux de la farce pure et dure, il nous offre une expérience tout aussi joyeusement délirante, mais à la fois plus ambitieuse… et plus glaçante.
Au sein d’une unité spécialisée de la police parisienne, on découvrira ainsi ce qui se cache sous les projets tortueux de la start-up tchèque Poseidon, devenue en quelques années une richissime multinationale grâce au succès de sa technologie : en extrayant les sons du passé enfouis dans l’encre, l’huile ou l’argile, un immense marché « archéoacoustique » s’est ouvert aux écritures, peintures et sculptures anciennes. Dans ce monde de 2090, avec ses réfugiés climatiques chassés par la montée des eaux océaniques, ses millions de personnes au revenu minimum faute d’emplois, confiés aux intelligences artificielles, et ses notes civiques définissant les droits de chacun, Yann Bécu a su construire un chemin étonnant, oscillant sans arrêt entre l’hilarant et le poignant. Hu. Ro.