Vacances en Croatie, août 2024. Assise à la terrasse d’un restaurant de poissons, sur les rives scintillantes de l’Adriatique, Valentina (les personnes citées par un prénom ont demandé l’anonymat) feuillette le menu avec ses amies. Les prix sont indiqués… au kilo. La Parisienne de 26 ans fronce légèrement les sourcils : « J’essayais d’anticiper comment j’allais m’en sortir sans exploser mon budget. » Valentina peine à profiter des trois poissons commandés, des entrées à partager et de la bouteille de vin inabordable. Tout lui rappelle le moment redouté de l’addition. Quand celle-ci arrive, elle paie sa part – 120 euros par personne – sans mot dire. Une fois rentrée, elle s’effondre. En silence.
Avec un salaire de violoniste – oscillant entre 1 800 et 2 000 euros net par mois – Valentina surveille chaque dépense. « Ça vire un peu à l’obsession », admet-elle, gênée. Cette crainte de manquer, Valentina la traîne depuis l’enfance. Elevée seule par sa mère, clarinettiste, la petite fille grandit au rythme des fins de mois difficiles et des factures imprévues : « J’avais tout le temps peur qu’on finisse à la rue. »