La publication récente d’une étude indiquant une élévation du risque de différentes tumeurs sur des rats de laboratoire exposés à du glyphosate a suscité de nombreux commentaires sur les réseaux sociaux et dans la presse, visant à relativiser ou dénigrer ces travaux. Ces résultats, publiés le 10 juin dans la revue Environmental Health, ne font pourtant que confirmer les conclusions du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), qui estimait en 2015 que les études disponibles à l’époque offraient des « preuves suffisantes » de cancérogénicité du glyphosate chez l’animal.
Les attaques contre cette étude pilotée par l’Institut Ramazzini de Bologne (Italie) offrent un éventail exemplaire des tours de passe-passe de la « fabrique du doute », cette rhétorique visant à miner la confiance dans les résultats scientifiques, souvent utilisée dans le but de retarder ou de combattre des décisions réglementaires.
Eric Billy, un chercheur en immuno-oncologie, a fait partie des critiques les plus virulents contre l’étude de l’Institut Ramazzini, qu’il juge « bancale ». Dans une série de messages publiés le 14 juin sur ses comptes X et Bluesky, qui a bénéficié de nombreux relais, ce salarié de la firme pharmaceutique Novartis a d’abord accusé ses auteurs d’avoir « choisi un journal plus indulgent pour éviter des critiques », expliquant qu’il se serait plutôt attendu à lire cet article dans les revues « Nature, Science ou Cell », gages selon lui de plus grande qualité.