Le 13 juin a eu lieu, à Bordeaux, une bien étrange cérémonie. A titre « tout à fait exceptionnel », les magistrats de la chambre régionale des comptes ont présenté publiquement le budget qu’ils proposent pour le département de la Charente. Une première historique dans l’Hexagone. Depuis les lois de décentralisation, en 1982, c’est aux conseils généraux devenus départementaux de fixer eux-mêmes leurs budgets. Or en Charente, le conseil n’a pas été en mesure de le voter dans les délais légaux, à cause de bisbilles politiques. Résultat, l’Etat a pris provisoirement le contrôle des finances du département, et demandé à la chambre régionale des comptes de lui fournir un budget clé en main. Les juges se sont exécutés, en maintenant les dépenses indispensables, et en ajournant ce qui pouvait l’être, comme l’acquisition d’un bâtiment pour la maison départementale des solidarités.
Après la Charente, d’autres départements vont-ils être placés à leur tour sous tutelle, mais pour des raisons financières et non politiques ? La menace paraît de plus en plus sérieuse. C’est ce qui ressort du rapport sur les finances locales publié vendredi 27 juin par la Cour des comptes. Globalement, les départements connaissent « une situation de plus en plus défavorable », relève l’institution présidée par Pierre Moscovici. Certains – entre un sur huit et un sur trois, selon les critères retenus – se trouvent même en vraie difficulté, voire en « grande fragilité ».