« Un merle noir, oxydé de vert et de violet, piquait les cerises, buvait le jus, déchiquetait la chair rosée… », raconte Colette dans Sido (1930). Le festin du passereau, au fond, illustre l’appétence immodérée d’une volée d’oiseaux pour le petit fruit rouge et charnu, au goût suave et sucré – ce savoureux symbole du mois de juin.
C’est d’ailleurs cette voracité des volatiles pour la drupe du cerisier qui inspira le nom savant de l’arbre fruitier, Prunus avium, « cerisier des oiseaux » (merisier). Celui-là même, cultivé pour ses fruits dès le IVe siècle avant notre ère en Asie Mineure, et qui est à l’origine des quelque 600 variétés de cerises douces actuelles.
Les oiseaux, en se gavant de cerises, ont largement contribué à la dissémination de leurs graines, donc à l’expansion naturelle de l’arbre. Ils obligent toutefois les arboriculteurs à protéger leurs récoltes à l’aide d’effaroucheurs sonores, voire des services d’un fauconnier ou, parfois, de filets. « Un autre ennemi a cependant surgi, plus petit mais autrement redoutable », raconte José Quero-Garcia, ingénieur de recherche à l’Inrae Bordeaux-Aquitaine. En l’espèce, un féroce moucheron venu d’Asie, Drosophila suzukii.