« Dans ce genre de moments vient se clipper, en lampe frontale, la mémoire de son père. A qui il doit tout. Qui a fait de lui ce qu’il est »

Dans la cuisine, derrière la porte-fenêtre donnant sur le jardin, alors que même un dimanche il est obligé de travailler à la petite table en Formica bleu ciel, plus qu’un mois pour faire rentrer de l’argent pour pouvoir leur payer un peu de vacances, il les regarde tous les deux, le petit et le grand, en bermuda, pieds et torses nus en train de l’aider à étendre le linge dans le jardin. Sans qu’il ait eu besoin de le leur demander. A 6 et 8 ans, ils sont d’une serviabilité et d’une gentillesse hors norme. Zéro sens de la transgression.

A la fois, il ne peut pas nier, il en tire une fierté certaine, mais il se demande aussi s’il ne leur en demande pas trop, si l’exigence morale qui est la sienne, dans laquelle ils baignent jusqu’au cou, n’est pas exagérée, voire répressive. Il se le demande, parce que rien que la semaine précédente il y a eu ces deux événements : le cadet, d’abord, une fois de plus traversé par un de ses typhons émotionnels susceptibles de secouer le pays du nord au sud, alors qu’ils étaient à une fête anniversaire. Il lui avait demandé à genoux, à voix basse, de ne pas imposer ça à tout le monde. Ne pas déranger, faire attention aux autres, apprendre à prendre sur soi ; il avait laissé tourner sa ritournelle fondamentale.

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