Lalo Schifrin, le compositeur du thème de « Mission impossible », est mort à 93 ans

Le musicien argentin Lalo Schifrin, compositeur de la musique de la série Mission impossible et d’autres films célèbres comme Bullitt, L’Inspecteur Harry ou Opération Dragon est mort, jeudi 26 juin, des suites d’une pneumonie, à l’âge de 93 ans, ont annoncé ses fils, Will et Ryan Schifrin, à plusieurs titres de la presse spécialisée dans le divertissement.

L’Académie des Oscars lui a immédiatement rendu hommage jeudi, sur X. « Le compte à rebours commence. La mèche s’allume. La musique démarre et, soudain, vous êtes plongé dans l’action. C’était là tout le génie de Lalo Schifrin », a-t-elle résumé. L’artiste « ne se contentait pas d’écrire de la musique, il créait du suspense, faisait monter l’adrénaline et donnait du rythme aux histoires », a-t-elle poursuivi, en saluant un « compositeur qui transformait chaque battement en frisson et chaque silence en suspense ».

« C’est avec une grande tristesse que nous recevons la nouvelle de la perte de Lalo Schifrin, un génie musical qui a transcendé les frontières et les générations, et dont l’héritage s’étendra à jamais dans l’histoire culturelle de notre pays et du monde », a, de son côté, salué, sur X, le secrétaire à la culture argentin, Leonardo Cifelli.

Argentin naturalisé américain, M. Schifrin était un pianiste et chef d’orchestre qui s’est taillé un nom dans le septième art, en composant les bandes originales de plus de 100 films. Ses œuvres lui ont valu six nominations aux Oscars et il a été récompensé, en 2018, par un Oscar d’honneur pour l’ensemble de sa carrière. Clint Eastwood, pour qui Schifrin a composé huit bandes originales, lui avait remis la récompense ? offerte à seulement deux autres compositeurs, Ennio Morricone et Quincy Jones ? « en reconnaissance de son style musical unique, de son intégrité dans la composition et de ses contributions marquantes à l’art de la musique de film ».

Son apogée se situe dans les années 1960 et 1970, lorsqu’il compose plusieurs musiques de films et de séries télévisées aujourd’hui considérées comme des classiques. On retrouve la musique minimaliste de la célèbre course-poursuite avec la Mustang de Steve McQueen dans Bullitt (1968), le syncrétisme d’Opération Dragon (1973), le funk avant-gardiste de L’Inspecteur Harry (1971) ou encore le mélange jazz, folk et musique symphonique de Luke la main froide (1967). Quant aux feuilletons Mannix ou Starsky et Hutch, ils ne seraient pas les mêmes sans les cuivres de Schifrin.

Mais sa partition la plus connue reste le thème de la série Mission impossible, en 1966, avec son motif répétitif et syncopé évoquant si bien l’urgence et le suspense des films d’espionnage. Ce générique, qui a connu de multiples variations, apparaît aussi au générique de tous les films dans lesquels Tom Cruise incarne l’agent Ethan Hunt (à partir de 1996). Il a permis, entre autres, au compositeur de remporter deux Grammy Awards, parmi la pluie de récompenses récoltées au cours de sa carrière.

Swing, jazz, pop, funk, bossa-nova, dodécaphonisme : toutes ces rythmiques ont apporté à ses musiques une modernité intouchable, comme en témoigne The Sound of Lalo Schifrin, une anthologie sortie en 2016. Dans son autobiographie Mission impossible : Ma vie en musique, sortie en 2008, Schifrin écrivait : « En musique, les choix sont infinis. Les possibilités de combinaisons sonores avec les instruments acoustiques d’un orchestre symphonique, d’un groupe de jazz ou d’un ensemble de chambre ne sont pas encore épuisées. Ce qui a été réalisé jusqu’à présent dans le domaine de la musique électronique n’a même pas effleuré la surface d’un vaste continent à explorer. »

Visionnaire, il a été samplé par des artistes de hip-hop, de trip-hop et d’électro, comme Portishead reprenant les fameuses cordes frappées du cymbalum de Danube Incident dans Sour Times. Sa dernière œuvre était une collaboration avec son compatriote compositeur de musique classique Rod Schejtman, intitulée The Symphony of the Future : une symphonie de trente-cinq minutes dédiée à leur pays qui a fait sa première le 5 avril à Buenos Aires, et qui est censé tourner dans le monde entier.

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