Cet inconnu vient de sauver le France. Le 24 octobre 1977, Akram Ojjeh, homme d’affaires né en Syrie et citoyen saoudien, pose pour la presse à Paris, tout sourire. Il tient dans les mains la maquette du paquebot. Le France était une fierté nationale lorsqu’il a été mis à l’eau, en 1960. Le bateau assure des traversées transatlantiques et des croisières autour du monde, jusqu’en 1974. Manque de rentabilité, choc pétrolier, concurrence de l’avion… Il est désarmé depuis trois ans, amarré au Havre, dans l’attente des ferrailleurs ou d’un repreneur, quand Akram Ojjeh décide de l’acheter.
Il explique un peu plus tard vouloir l’ancrer au large de la Louisiane ou du Québec, des terres francophones, et en faire « une sorte de musée flottant, conçu pour illustrer les multiples manifestations artistiques et techniques du génie français, selon une interview au Monde, le 23 janvier 1978. Toute ma culture a été française depuis mon plus jeune âge, justifie-t-il. Et puis, les sentiments à l’égard d’une femme ou… d’un pays, ça ne s’explique pas. »