Maître de conférences en sociologie à l’université Paris-Ouest-Nanterre-La Défense, Colin Giraud a réalisé une enquête portant sur les parcours et les modes de vie des gays et lesbiennes éloignés de la visibilité des grandes villes.
D’abord un intérêt accru pour les espaces ruraux depuis une dizaine d’années, accéléré par la crise due au Covid-19 – intérêt médiatique et politique et nouveau regard sur le rural depuis la ville. La liste des « Prides rurales » ne cesse de s’allonger depuis dix ans, allant du village à la ville moyenne. La multiplication de collectifs et d’événements queer est aussi le fruit de représentations du rural devenues plus valorisantes.
Mais une question intéressante est de savoir qui participe à ces Prides – qui y est présent et qui en est à l’initiative. S’agit-il de locaux présents depuis longtemps et qui y ont toujours vécu ou bien de néoruraux arrivés plus récemment ? C’est une question centrale selon moi. Non pas pour engager un procès en authenticité, mais pour comprendre le sens de cette nouveauté : les espaces ruraux connaissent-ils d’eux-mêmes des changements sociaux importants ? Ou bien s’agit-il d’une circulation de modèles et de pratiques urbains permise par de nouveaux arrivants – autrement dit des circulations de populations transportant avec elles des normes et des attitudes nées ailleurs ?