Les candidats au prix Nobel de la guerre se bousculant au portillon de la gloire, il est sans doute bon de scruter, en son histoire millénaire, de Caïn à Clausewitz, de Natarunk au Kenya (là, il y a dix mille ans se commit la première violence recensée : 27 morts) à la bataille de Gettysburg en Pennsylvanie (1863, 8000 morts), le plus vieux métier du monde : tueur, mais tueur légitime, sous l’uniforme.
Un parcours que rend possible la tétralogie Mondes en guerre, publiée avec le soutien tactique du ministère des armées (anciennement de la guerre, puis de la défense). Si le premier tome est essentiellement oriental et méditerranéen, courant des armes de Sumer à la prise de Constantinople (1453), le deuxième volet, dirigé par l’historien Hervé Drévillon, nous mène de l’arquebuse à la mitrailleuse et voit la guerre devenir une science résolument humaine, un spectacle planétaire, une technologie et une industrie. Maîtrise du terrain par la carte, problèmes d’intendance, ingénierie de l’armement, opérations terrestres, maritimes et amphibies, la guerre se planifie et s’étatise, s’imprime et se théorise. Ces noces de sang, cette connivence affairée, font que l’on passe de l’art à la science de la guerre.