Les concerts dans les laveries automatiques, du son qui lessive : « Ici, on peut se tromper, partager une chanson qui nous plaît. Sans jamais être jugé ni moqué »

Ce soir-là, l’Hotel California a échoué au Havre (Seine-Maritime). Du moins, le temps d’une chanson. Entre les quatre murs d’une laverie du quartier Saint-Vincent, coincé entre la plage et l’hôtel de ville, le célèbre refrain des Eagles s’envole au milieu du bataillon des hublots des lave-linge et des bouches béantes des séchoirs. « Welcome to the Hotel California/Such a lovely place/Such a lovely face/Plenty of room at the Hotel California… » Laurence (les personnes citées par leur prénom ont requis l’anonymat), orthophoniste, lunettes cerclées et sandales en cuir doré, et Grégory, kinésithérapeute, guitare en bandoulière, couple à la ville, font partie des premiers à se lancer. Sans micro ni partition, ils entonnent version guitare-voix, le titre de légende, devant une trentaine de personnes de tous âges, serrées contre les machines à laver.

Welcome to the Lavomatic Tour, une scène ouverte aux artistes amateurs, le temps d’une machine et d’un séchage. Atmosphère clinique, odeur de propre, lumière crue… Le 72, rue Joseph-Morlent n’a rien en apparence d’un « lovely place » (« endroit délicieux ») et il n’y a pas vraiment « plenty of room » (« beaucoup de place »), comme le chantent les Eagles, mais c’est pourtant dans ce lieu atypique que, chaque 1er mardi du mois, à partir de 18 h 30 et jusqu’à 20 heures, se retrouvent poètes, slameurs ou musiciens amateurs.

Le principe est simple : venir avec une chaussette, lancer une machine collective et attendre la fin du cycle… en musique. Habitués ou non, ils viennent faire écouter leurs textes ou des reprises de chansons, ou simplement assister au spectacle (gratuit, sans inscription ni ordre de passage). Et ce, au milieu de clients venus faire leur lessive et souvent surpris.

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