En proposant à Agnès Riva de se retrouver à Créteil pour évoquer Un autre ailleurs, le roman qu’elle situe dans un de ses quartiers, La Haye-aux-Moines, on s’attendait, disons-le, à ce qu’elle donne rendez-vous dans un lieu emblématique du Nouveau Créteil. Depuis Géographie d’un adultère et Ville nouvelle (Gallimard, 2018 et 2020), l’autrice mène en effet un minutieux travail dans lequel elle explore les vertus romanesques de ces villes et quartiers créés de toutes pièces à partir de la fin des années 1960, où l’urbanisme s’est réinventé avec plus ou moins de bonheur.
Mais c’est dans un café de la vieille ville, couramment nommée « Créteil Village », qu’on la retrouve. Quand on s’en étonne, sa mine aussi inquiète que réjouie confirme que l’on tient là un paradoxe qu’il va falloir déployer. « L’expérimentation urbaine qui a eu lieu à Créteil est passionnante, explique-t-elle. Esthétiquement et intellectuellement, c’est très stimulant. J’aime d’ailleurs beaucoup faire un circuit dans le Nouveau Créteil, en partant des fresques de Vasarely, à la sortie du métro Université, et en remontant pour arriver à la cathédrale, très moderne et très belle. Puis en entrant au Montaigut, avec son jardin et les colonnes Vasarely qu’on ne voit pas de l’extérieur. Ensuite, vous tombez sur l’université, puis le palais de justice et la passerelle. » Mais pour vivre, comprend-on, c’est encore dans Créteil Village qu’elle se verrait le mieux. « C’est là qu’il y a le plus de rapports humains, concède-t-elle, et que l’on peut plus facilement se sentir chez soi. »