Enfants au Moyen Age est la synthèse sur l’enfance médiévale que l’on attendait de son spécialiste incontesté en France, Didier Lett. La victoire remportée par les médiévistes contre les thèses forgées il y a soixante-cinq ans par le moderniste Philippe Ariès (1914-1984) est désormais actée : plus personne ne peut sérieusement soutenir, aujourd’hui, que l’extrême mortalité infantile du temps poussa les médiévaux à refuser toute forme d’affection, voire toute éducation, à leur progéniture.
Les exemples de couples infertiles malheureux pullulent dans les textes, attestant un vif désir d’enfant, de même que les conseils de puériculture, comme l’emmaillotage si serré du nouveau-né, par peur de la déformation, qu’il ne peut bouger ni bras ni jambes durant sa première année de vie. Quant au soin extrême apporté à la sépulture des tout-petits, il montre assez qu’hommes et femmes du Moyen Age ne les considéraient pas comme « d’éventuels déchets », ainsi que l’écrivait Ariès.