Aux Jeux olympiques des vins rosés, s’ils existaient, la France raflerait quasiment toutes les médailles d’or…
L’Hexagone arrive en tête dans trois catégories, mais seulement en deuxième position concernant les exportations : c’est l’Espagne qui trône sur la plus haute marche du podium en 2022 (selon les chiffres de l’Observatoire mondial du rosé), l’Italie figurant en troisième place. Pour la consommation, l’Allemagne puis les Etats-Unis occupent respectivement les deuxième et troisième positions. Ce podium est logiquement inchangé pour les importations. La France reste le premier pays importateur, ce qui s’explique par l’importante consommation faite de ces vins au niveau national. L’Espagne arrive, elle, en deuxième position des pays producteurs, suivie de l’Italie et des Etats-Unis ex aequo.
La Provence incarne les rosés français, et ce n’est pas nouveau. Selon des chiffres de 2024 du Conseil interprofessionnel des vins de Provence (CIVP), cette région produit 47 % des rosés consommés sur le marché national, devant la vallée du Rhône, 16 %, et la Loire 14 %. Dans cette logique, 89 % des vins produits en Provence en 2024 étaient des rosés (91 % en 2020). Un peu moins de la production provençale est exportée. Autre indice, selon une étude Symetris en 2022, 70 % des restaurants proposant des rosés à leur carte ont sélectionné une cuvée provençale.
Le rosé n’échappe pas à la lente mais continue baisse de la consommation de vin en France et dans d’autres régions du monde. Entre 2019, qui correspond au pic des ventes, et 2023, les ventes mondiales pour cette couleur ont baissé de 1,7 % par an. Mais la situation est bien pire pour le rouge alors que le blanc s’en sort plutôt bien. Ainsi, sur la même période, et pour les trois couleurs réunies, hors vins pétillants, le recul est de 3,8 % par an.
L’Europe de l’Ouest (surtout la France, l’Italie et l’Espagne) et les Etats-Unis concentrent la production mondiale de rosé. Mais l’érosion de la consommation de vins met en valeur l’émergence de nouveaux lieux de production de rosés – des pays de l’hémisphère Sud (Chili, Nouvelle-Zélande, Australie) ou d’Europe de l’Est (Hongrie, Bulgarie) ainsi que le Canada –, signe que cette couleur a encore de belles années devant elle.
Porte-avions de la flotte rosée française, la Provence vend 25 % de sa production en grande surface, 18 % chez les cavistes et 14 % dans les cafés, hôtels ou restaurants (le reste est exporté). Les prix révèlent une petite surprise. « En grande distribution, 30 millions de bouteilles de rosé de Provence sont achetées à 6,95 euros (en moyenne) quand, chez les cavistes, ce prix atteint une fourchette de 13 à 16 euros », note Brice Amato, du CIVP. On est loin d’une couleur qui serait archi-dominée par des bouteilles très peu chère (de 2 à 4 euros). Ces prix révèlent que le rosé monte en gamme et en qualité. En conséquence, les prix grimpent aussi.