Vingt mois après le début de la guerre, et quelques semaines après avoir repris son offensive terrestre, Israël intensifie son emprise dans le nord de la bande de Gaza. L’armée israélienne a lancé, dimanche 29 juin, un appel à évacuer s’adressant aux habitants de 17 quartiers situés dans le nord de la bande de Gaza.
L’armée mène « des opérations en usant d’une force extrême dans ces zones, et ces opérations militaires vont s’intensifier et s’étendre vers l’ouest, jusqu’au centre-ville de Gaza, afin de détruire les ressources des organisations terroristes », a déclaré son porte-parole en langue arabe, Avichay Adraee, dans un message posté sur X, accompagné d’une carte qui indique en rouge plusieurs quartiers, notamment celui de la vieille ville de Gaza et le secteur de Jabaliya.
Israël appelle ainsi à nouveau les habitants des parties nord de l’enclave à se diriger vers le sud, en direction de la zone d’Al-Mawassi à Khan Younès. Le premier ministre, Benyamin Nétanyahou, doit s’entretenir dans la journée avec les responsables de ses services de sécurité.
La défense civile de la bande de Gaza a, de son côté, annoncé dimanche la mort de 17 personnes, dont trois enfants, dans des frappes ou des tirs de l’armée israélienne sur le territoire palestinien dévasté par vingt mois de guerre. Compte tenu des restrictions imposées aux médias dans la bande de Gaza et des difficultés d’accès sur le terrain, l’Agence France-Presse (AFP) n’est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans des morts communiqués par la défense civile.
Selon Mahmoud Bassal, porte-parole de cette organisation de premiers secours, quatre frappes aériennes menées, selon lui, par des drones ou des avions de chasse israéliens ont fait 16 morts, au nord-est de la ville de Gaza, et Al-Mawasi. Un homme de 18 ans a aussi été tué par des tirs israéliens alors qu’il attendait une distribution de nourriture dans le secteur d’Al-Alam, dans le Sud. Samedi, la défense civile de la bande de Gaza avait déjà annoncé la mort de 37 personnes, dont neuf mineurs, tuées par des frappes ou des tirs de l’armée israélienne.
Israël a partiellement assoupli fin mai un blocus total imposé au territoire palestinien début mars, qui a entraîné de très graves pénuries de nourriture, médicaments et autres biens de première nécessité.
Un mécanisme de distribution d’aide piloté par la Gaza Humanitarian Foundation (GHF), soutenue par Israël et les Etats-Unis, a été mis en place, mais ses opérations donnent lieu à des scènes chaotiques, durant lesquelles près de 550 personnes ont été tuées par des tirs israéliens et plus de 4 000 blessées, selon le ministère de la santé du Hamas. Le secrétaire général des Nations unies a dénoncé vendredi un système « militarisé » de distribution qui « tue des gens ».
Cette escalade de l’offensive israélienne à Gaza survient alors que les médiateurs arabes, l’Egypte et le Qatar, soutenus par les Etats-Unis, tentent une nouvelle fois d’arracher un accord de cessez-le-feu, le Qatar disant voir une « possibilité » après les bombardements israéliens et américains contre les installations nucléaires iraniennes.
« Concluez un accord à Gaza, récupérez les otages ! », a écrit dans la nuit de samedi à dimanche, le président des Etats-Unis, Donald Trump, sur sa plateforme Truth Social, dans un message une nouvelle fois écrit en lettres capitales.
Un responsable du Hamas a déclaré à Reuters que le groupe avait informé les médiateurs qu’il était prêt à reprendre les pourparlers, mais il a réaffirmé les exigences du groupe, à savoir que tout accord de cessez-le-feu doit conduire à la fin de la guerre et garantir le retrait des soldats israéliens de Gaza. Le Hamas a déclaré qu’il était prêt à libérer les otages qu’il détient encore, dont 20 seraient encore en vie, uniquement dans le cadre d’un accord qui mettrait fin à la guerre. Israël exige pour cela le désarmement du mouvement islamiste.
La guerre a été déclenchée par l’attaque sans précédent de ce mouvement islamiste palestinien sur le sud d’Israël le 7 octobre 2023. L’attaque a entraîné, du côté israélien, la mort de 1 219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de données officielles, et 49 personnes enlevées ce jour-là sont toujours otages à Gaza, parmi lesquelles 27 ont été déclarées mortes par l’armée israélienne.
Plus de 56 412 Palestiniens, majoritairement des civils, ont été tués dans la campagne de représailles militaires israéliennes dans la bande de Gaza, selon des données du ministère de la santé de la bande de Gaza, administrée par le Hamas, jugées fiables par l’ONU.