« T’es mort », de Sam Sax : jouer avec le feu

Ezra travaille dans une librairie d’occasion, et se félicite : « Nous ne vendons pas de livres neufs, et c’est mieux ainsi. Tout ce cinéma qu’on fait en permanence autour des nouveautés littéraires, surtout à New York. » Il n’empêche. Ezra est le narrateur et héros d’un roman autour duquel du « cinéma » a été amplement fait, à raison, et au-delà de New York : T’es mort, de Sam Sax, qui a, entre autres, été sélectionné pour le National Book Award 2024. C’est que l’occasion n’est pas tous les jours donnée de lire un texte aussi étonnant. T’es mort déborde de fureur, de désespoir, d’humour et de vitalité à la fois. Il parvient à conjuguer le sarcasme avec le lyrisme, et revient à des mythes et contes anciens tout en essayant d’inventer le devenir de la littérature.

Ezra, donc. Un jeune homme de 27 ans qui s’est suicidé par immolation, devant « l’une des tours du président », durant ce qui semble être l’une des nombreuses manifestations qui ont émaillé les premières semaines du premier mandat de Donald Trump – dont le nom n’est pas écrit. Son geste est-il de protestation ? S’exprimant après s’être tué, Ezra note dans l’un des fragments qui constituent T’es mort : « En 1897, le sociologue français Emile Durkheim a théorisé quatre types différents de suicide : le suicide égoïste, altruiste, anomique et fataliste. J’adore la façon qu’ont ces mots de paraître sûrs et clairs. J’adore tout ce qui est en mesure de découper et ranger la souffrance au gré d’une taxonomie impeccable vers laquelle on puisse se tourner quand on est paumé, tout en hochant la tête d’un air entendu. »

Recomendar A Un Amigo
  • gplus
  • pinterest
Commentarios
No hay comentarios por el momento

Tu comentario