Des organisations de la société civile togolaise et des partis de l’opposition ont demandé lundi 30 juin une « enquête internationale » sur les circonstances de la mort de sept personnes lors des manifestations contre le pouvoir à Lomé la semaine dernière.
Dimanche, le Front citoyen Togo debout a affirmé que sept corps avaient été repêchés dans des cours d’eau de la capitale, dénonçant des « exactions commises par des éléments des forces de l’ordre et des miliciens », en marge des manifestations. Les autorités ne se sont pas prononcées sur le nombre de corps repêchés mais ont dénoncé « des tentatives de récupérations malheureuses » et évoqué des morts « par noyade ».
Lundi, le collectif Touche pas à ma Constitution, qui regroupe partis d’opposition et mouvements de la société civile, a « réclamé une enquête internationale sur les crimes commis durant ces trois jours de répression », lors d’une conférence de presse.
« A chaque fois qu’il y a de la répression et qu’il y a des morts et des blessés graves, le régime lance des enquêtes. Mais nous n’avons jamais les résultats de ces enquêtes. On ne sait jamais qui est responsable et on ne sait jamais les circonstances des décès », a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) Nathaniel Olympio, porte-parole du collectif. « L’objectif, c’est de comprendre ce qui s’est passé, d’identifier les responsables pour que demain les choses de cette nature ne se reproduisent plus dans notre pays », a-t-il précisé.
Lundi, la Conférence des évêques du Togo, pays où un quart de la population est catholique, a condamné « vigoureusement ces violences inacceptables et insoutenables, quels qu’en soient leurs origines, leurs auteurs ou leurs justifications ». « Un usage aussi disproportionné de la force pour réprimer une manifestation, fût-elle illégale, est simplement inadmissible », ajoutent-ils.
Les manifestations sont rares au Togo, mais il s’agissait du deuxième appel lancé sur les réseaux sociaux à descendre dans la rue ce mois-ci. Les manifestants protestent contre des arrestations de voix critiques, la hausse du prix de l’électricité ou encore la réforme constitutionnelle, qui permet à Faure Gnassingbé, 59 ans, de consolider son pouvoir.
Lors des manifestations des 5 et 6 juin, une cinquantaine d’arrestations avaient été signalées par les autorités. De jeudi à samedi, réunis parfois par dizaines dans certains quartiers de Lomé, les manifestants ont été dispersés à coups de gaz lacrymogènes. Un nouvel appel à manifester a été lancé pour mardi.
Le ministre de la réforme du service public, du travail et du dialogue social, Gilbert Bawara, avait dénoncé la semaine dernière une « volonté manifeste de semer le désordre et le chaos ». Faure Gnassingbé dirige le Togo depuis 2005. Avec la nouvelle Constitution, le pays a basculé en 2024 dans un régime parlementaire dont il occupe la plus haute fonction.
Le collectif Touche pas à ma Constitution a, par ailleurs, appelé lundi les partis politiques d’opposition à boycotter les élections municipales prévues le 17 juillet, qu’il qualifie de « simulacre électoral ».