Des nuits à 200, 300 drones sur les grosses villes, en battant à chaque fois le record des frappes précédentes : 400 engins rôdeurs meurtriers ont ainsi attaqué l’Ukraine dans la nuit du 9 au 10 juillet, la plupart d’entre eux visant Kiev, la capitale, appuyés par 18 missiles. Quelque 728 cibles étaient identifiées cette nuit-là sur les radars de la défense antiaérienne ukrainienne. Voilà à quoi ressemble l’été 2025 en Ukraine. « Une escalade de la terreur », déplore le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, un tournant de la stratégie militaire de Moscou, qui veut décourager les civils ukrainiens, précipiter leur exil, déstabiliser le pays.
« Auparavant, les Russes visaient les villes avec une dizaine de Shahed, ces drones rôdeurs de conception iranienne longs de plus de 3 mètres, rappelle Borys Filatov, maire de Dnipro, capitale régionale de l’est de l’Ukraine. Depuis quelques semaines, tout est multiplié. Quel système de défense aérienne peut encaisser ça ? » Le 24 juin, en pleine journée, sa ville a été le théâtre d’un bombardement massif. Des missiles visant une usine dans le plus gros quartier de Dnipro, Novokodatskiï, sur la rive droite du Dniepr, ont fait 20 morts et plus de 300 blessés en touchant 600 habitations. « Notre abri nous a sauvé la vie », confient les trois institutrices d’un jardin d’enfants. On y tenait les gamins dans nos bras comme des poussins. » Le souffle des explosions a aussi atteint le train Zaporijia-Odessa qui passait par là. Les photos de ses passagers en sang ont choqué : on croyait les célèbres wagons jaune et bleu intouchables.