Campari et Milan, une longue histoire d’amer

A Milan, ce qui frappe d’emblée le visiteur sur le toit-terrasse du Duomo, c’est la profusion de monuments tutoyant les cieux. La Madonnina, d’abord, posée sur la plus haute flèche de la célèbre cathédrale (108,50 mètres). Puis les nombreux gratte-ciel : l’impressionnante Torre UniCredit (231 mètres), le très végétalisé Bosco Verticale (dont la tour la plus haute culmine à 110 mètres) ou cette curiosité brutaliste, la Torre Velasca (106 mètres). Après cinq ans de travaux, cet édifice de 1958 signé BBPR – bijou architectural pour beaucoup, « building le plus laid au monde » pour d’autres – rouvrait ses portes début juin. Pour l’occasion, sa silhouette illuminait la nuit d’un rouge vif inhabituel, célébrant un autre sommet milanais tout aussi culte et audacieux : Campari.

Du haut de ses 32 centimètres, la bouteille du célèbre bitter (variété d’amer italien consommé à l’apéritif) a su conquérir la planète. Produite de nos jours en quantité industrielle, elle s’invite depuis plus d’un siècle sur des affiches publicitaires belles comme des tableaux de grands maîtres, dans des films de cinéastes mondialement célèbres (Federico Fellini, Paolo Sorrentino), des romans de géants de la littérature (Marguerite Duras) ou dans des clips de stars de la pop (Lady Gaga, Christina Aguilera).

Née en 1860, la marque est aujourd’hui mondialisée et diluée au sein du groupe Campari (société cotée à la Bourse de Milan et dotée de 25 sites de production à travers le monde), numéro six mondial des spiritueux avec 5 000 salariés et 72 marques, du bourbon américain Wild Turkey à la tequila mexicaine Espolon en passant par le rhum martiniquais Trois Rivières. D’autres amers italiens ont été engloutis au fil des acquisitions, notamment Aperol, fortement poussé par le groupe ces dernières années, au point de reléguer Campari au rang de numéro deux dans son chiffre d’affaires. Mais le bitter y tient une place à part, en raison de son incroyable histoire familiale. Celle de deux génies : Gaspare Campari (1828-1882), le père, et Davide Campari (1867-1936), le fils. Le premier a inventé la recette, le second l’a érigé en icône du lifestyle.

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