« Penser contre son camp », de Nathalie Heinich : la chronique « essai » de Roger-Pol Droit

Une réactionnaire fieffée. Conservatrice, élitiste, homophobe, transphobe, islamophobe… entre autres. Voilà comment est jugée par ses adversaires la sociologue et essayiste Nathalie Heinich. Pourtant, elle-même se proclame de gauche et revendique un attachement indéfectible aux valeurs fondatrices de ce camp politique. En quittant la vice-présidence de l’Observatoire de l’éthique universitaire en raison du soutien de Pierre-Edouard Sterin, elle a confirmé récemment son rejet de l’extrême droite. Alors, pourquoi et comment pareille dissonance s’est-elle mise en place ? Que permet-elle d’apprendre sur l’évolution idéologique de ces dernières décennies ? Voilà les questions auxquelles Penser contre son camp apporte des éléments de réponse.

L’intellectuelle, directrice de recherches au CNRS, y revisite son parcours. Il est impressionnant : presque un demi-siècle de vie universitaire puis de présence médiatique, jalonné d’une cinquantaine d’ouvrages, où voisinent d’importants travaux de recherche et quantité de débats publics. Elle insiste fortement sur la nécessité de distinguer les registres : aux chercheurs doit appartenir la neutralité, et aux intellectuels engagés la controverse argumentée. Présente à la fois sur les deux scènes, Nathalie Heinich refuse de les confondre : l’arène académique n’est pas l’arène politique.

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