« Retour à Pasaia », d’Aroa Moreno Duran : trois Espagnoles en quête de réconciliation

En apparence, Adirane est juste venue interroger sa grand-mère, Ruth, sur sa vie. Après cinq ans d’absence, la documentariste installée à Madrid est rentrée dans son village natal, au Pays basque espagnol, pour recueillir, caméra au poing, le récit de cette femme âgée dont les souvenirs s’effacent. Son but : « Documenter tout ce qu’elle pourra. Enregistrer ce témoignage et retenir cette dernière mémoire encore vivante. (…) Composer comme une sorte de mosaïque des mémoires. » Fille d’un républicain disparu pendant la guerre civile (1936-1939), son aïeule, qui l’a en partie élevée, a vécu de près le conflit et l’instauration de la dictature franquiste, avec ses privations imposées à la population. Autant dire que, dans un pays où l’oubli a longtemps été le ciment de la réconciliation nationale, la parole de Ruth est d’or.

Mais si réconciliation il doit y avoir, ce n’est pas seulement au niveau national. C’est d’abord entre Adirane et sa propre mère, Adriana, séparées par cinq ans de brouille, que Retour à Pasaia, premier roman à l’écriture tremblée d’Aroa Moreno Duran, envisage la possibilité d’un rapprochement. La Madrilène reproche à sa mère, restée au pays, de lui avoir caché l’identité de son père, un homme lié au terrorisme basque des années 1970 et 1980, ainsi que les circonstances de sa disparition. Elle lui en veut aussi de ne pas avoir été présente à ses côtés depuis la naissance de sa fille, prénommée comme sa grand-mère, Ruth.

Enfin, c’est surtout avec elle-même qu’Adirane cherche à faire la paix. Depuis son accouchement, précédé par une première fausse couche tardive, un malaise diffus l’habite. Assaillie d’angoisses, elle a quitté mari et enfant pour tenter de retrouver un peu de sérénité, notamment en sondant la façon dont les traumas de ses aînées ont pu l’ébranler à son tour.

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