Le manque de nourriture a provoqué des affrontements entre l’armée soudanaise et une milice alliée mardi 22 juillet à Kadougli, une ville du sud du Soudan assiégée et frappée de pénuries, selon plusieurs sources jointes par l’Agence France-Presse (AFP). « Hier, des personnes armées ont essayé de sortir de la nourriture des entrepôts pour nourrir les affamés », a déclaré à l’AFP Issa Kafi, un fonctionnaire de 33 ans, en soulignant que « le siège dure depuis trop longtemps » dans cette ville du Sud-Kordofan.

Selon un autre témoin, anonyme pour des raisons de sécurité, « les forces de Kafi Tayara ont tenté d’ouvrir les entrepôts et les magasins du marché pour donner aux gens de quoi manger, mais des troupes de l’armée se sont opposées à elles ».

La milice Kafi Tayara combat aux côtés de l’armée au Kordofan depuis que les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) se sont retournées contre leur ancien allié en avril 2023, ouvrant une guerre qui a fait des dizaines de milliers de morts.

Une source militaire jointe par l’AFP, anonyme faute d’autorisation officielle, a décrit les affrontements de mardi comme l’action d’un « groupe indiscipliné essayant de piller le marché de la ville » contré par « les troupes chargées de protéger le marché ». La collecte directe d’informations est très compliquée dans les zones de conflit du Soudan, privées de communications et inaccessibles aux observateurs indépendants, comme la ville de Kadougli, encerclée depuis le début de la guerre.

La région stratégique du Kordofan, où passent des routes de liaison cruciales, focalise les combats entre les deux camps qui se partagent le pays avec l’appui d’alliés locaux : l’armée contrôle le centre, le nord et l’est du Soudan, les FSR détiennent presque toute la région occidentale du Darfour, à l’ouest. Ces dernières semaines, les FSR ont été accusées d’avoir mené des attaques sanglantes dans le Sud-Kordofan.

La famine touche plusieurs zones du Sud-Kordofan et l’envoi d’aide est quasiment impossible à Kadougli, selon les Nations unies. « Depuis des mois, nous subissons des prix exorbitants et une pénurie de produits, les commerçants abusent », a déclaré Ibrahim Kuku, 41 ans, un habitant de Kadougli, à l’AFP via une liaison par satellite. Les aliments de base, comme les lentilles, le riz et le sucre, coûtent jusqu’à 10 dollars le kilo.

Selon un récent rapport des Danish et Norvegian Refugee Concils (DRC et NRC), 96 % des familles réfugiées à Kadougli « ne peuvent pas subvenir à leurs besoins de base ». « On en est arrivé à un point où deux familles partagent un sac de maïs, ce qui n’est même pas suffisant pour un seul repas », a déclaré Aisha Komi, enseignante et mère de cinq enfants, à l’AFP.

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