Un total de 522 partisans de l’organisation Palestine Action ont été arrêtés à Londres, samedi 9 août, lors d’une manifestation de soutien à ce réseau propalestinien, interdit depuis le début de juillet car classé comme « organisation terroriste ».
« La grande majorité des arrestations ont eu lieu pour avoir affiché un objet (dans ce cas une pancarte) en soutien à une organisation proscrite (dans ce cas Palestine Action), en violation de l’article 13 de la loi antiterroriste de 2000 », écrit la police londonienne dans un communiqué. Ce chiffre est l’un des plus élevés jamais enregistrés lors d’une manifestation dans la capitale britannique.
Samedi, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées dans le centre de Londres, non loin du Parlement, en soutien à l’organisation. A l’appel du groupe Defend Our Juries, les manifestants ont brandi la pancarte interdite « Je m’oppose au génocide, je soutiens Palestine Action ». Un total de 521 personnes ont été arrêtées sur place. Une autre arrestation a eu lieu dans une manifestation de soutien à Gaza qui s’est déroulée le même jour dans un autre endroit de la capitale.
En outre, la police dit avoir procédé à dix arrestations supplémentaires pour des agressions contre des policiers ou pour obstruction. Elle précise que l’âge moyen des personnes arrêtées est de 54 ans et qu’il y avait autant de femmes que d’hommes. « Au cours des prochains jours et semaines, les agents du commandement antiterroriste de la police métropolitaine travailleront à constituer les dossiers nécessaires pour engager des poursuites contre les personnes arrêtées », précise le communiqué.
La police avait indiqué samedi avoir arrêté toutes les personnes ayant brandi cette même pancarte lors de la manifestation. Sur place, d’autres pancartes étaient visibles, comme « Agir contre le génocide n’est pas un crime » ou « Free Palestine », ainsi que de nombreux drapeaux palestiniens.
« Qu’ils nous arrêtent tous », a témoigné à l’Agence France-Presse (AFP) Richard Bull, un Londonien de 42 ans dans un fauteuil roulant. « Ce gouvernement est allé trop loin. Je n’ai rien à me reprocher. » « C’est un impératif moral d’être ici », a déclaré à l’AFP, sous couvert d’anonymat, une septuagénaire venue spécialement de Bristol, à l’ouest de Londres, assise aux côtés d’autres manifestants avec la pancarte soutenant le groupe interdit. « S’ils veulent m’arrêter, je ne m’enfuirai pas et je ne me cacherai pas. »
La police avait mis en garde les participants contre les « potentielles conséquences pénales » de leurs actes. Les personnes arrêtées n’ont pas opposé de résistance, beaucoup formant un « V » de la victoire avec leurs doigts, sous les applaudissements d’autres manifestants.
Plus de 200 partisans avaient déjà été interpellés avant la manifestation de samedi, selon Tim Crosland, un représentant de Defend Our Juries. Trois personnes ont été mises en examen en vertu de la loi antiterroriste, jeudi, pour avoir exprimé leur soutien au mouvement, une infraction passible de jusqu’à six mois de prison. L’appartenance à un groupe interdit ou l’incitation à le soutenir peut, elle, valoir jusqu’à quatorze ans de prison.
L’association Palestine Action a été ajoutée au début de juillet à la liste des organisations considérées comme « terroristes » au Royaume-Uni, après des actes de vandalisme perpétrés par ses militants, notamment sur une base de l’armée de l’air. Cette interdiction a été jugée « disproportionnée » par l’ONU. Des experts des Nations unies avaient estimé que « de simples dommages matériels, sans mise en danger de la vie d’autrui, ne sont pas suffisamment graves pour être qualifiés de terrorisme ».
Le groupe Defend Our Juries organise depuis des manifestations pour protester contre cette interdiction. « Nous continuerons tant que le gouvernement tentera de faire taire ceux qui dénoncent sa complicité dans des crimes de guerre, a réagi Defend Our Juries dans un communiqué. Nous sommes déjà de plus en plus nombreux à nous préparer pour la prochaine vague d’actions en septembre. »
« L’arrestation de manifestants par ailleurs pacifiques constitue une violation des obligations internationales du Royaume-Uni de protéger les droits à la liberté d’expression et de réunion », a dénoncé l’ONG Amnesty International samedi sur X.
Le gouvernement britannique affirme que les sympathisants « ne connaissent pas la vraie nature » de Palestine Action. « Ce n’est pas une organisation non violente », a assuré la ministre de l’intérieur, Yvette Cooper, disant disposer d’« informations inquiétantes » sur ses projets.
L’interdiction fait l’objet d’une action en justice, lancée par Huda Ammori, cofondatrice en 2020 de ce groupe qui se présentait comme un « réseau d’action directe » visant à dénoncer « la complicité britannique » avec l’Etat d’Israël, en particulier sur la question des ventes d’armes.